Rédigé à partir de mai 2025
Une fois n'est pas coutume, je vais me me lancer dans une page un peu différente de ma méthode habituelle. J'ai l'habitude de présenter un de mes ancêtres (ou plutôt un couple) puis de poursuivre avec leur descendance. C'est un exercice très long car il faut souvent suivre de très nombreuses lignées, à une époque où, parfois, on a sept, huit, neuf, dix enfants, qui, à leur tour, ont une descendance nombreuse, etc. Et au tournant du XXe siècle, il y a parfois un exode rural qui peut emmener mes cousins dans de nouveaux départements... Si cela satisfait mon goût pour l'exhaustivité, cela manque de variété et, au bout de quelques mois, j'ai envie de changer un peu. Donc, j'abandonne un peu les descendants de Marthe LARRETGÉRE, fille aînée d'Estienne LARRETGÉRE, un de mes ancêtres du XVIIIe siècle.
Je vais donc faire l'inverse et faire plutôt une narration ascendante à partir de Suzanne FOIS, épouse de Jean BARON, que j'ai présenté dans cette page.
Je n'aime pas tellement le mot fratrie pour désigner l'ensemble des frères et sœurs d'un couple. Le mot fratrie vient du latin frater qui signifie frère. C'est une approche masculiniste de la langue comme souvent en français. Pour plus d'inclusion (donc d'égalité), en s'inspirant de l'anglais qui utilise le mot non genré "sibling", on peut proposer le mot adelphie, du grec adelphos, qui signifie "utérin, frère et sœur".
Je ne vais pas reprendre l'article où j'évoque la naissance de Suzanne FOIS, vers lequel je propose un lien ci-dessus. Reprenons cependant les éléments essentiels.
Le jour de la naissance de Suzanne FOIS, c'est son grand-père maternel, Dominique LABORDE (SOSA 190) qui vient déclarer la naissance de la nouvelle née ; il a 65 ans d'après l'acte. Suzanne a vu le jour la veille, vers 18H. Nous sommes à Saint-Martin-de-Hinx, dans les Landes, le 12 septembre 1800 à 9h. La paroisse se situe sur la ligne Dax-Bayonne à vol d'oiseau, plus proche d'ailleurs de Bayonne que de Dax.
Suzanne prend le patronyme FOIS bien que sa mère, Jeanne LABORDE, 28 ans, n'est pas encore mariée avec le père de Suzanne, Jean FOIS, 27 ans. Mais le père de Jeanne, Dominique, et les témoins, affirment que le père est Jean FOIS. Et l'officier d'état civil décide que la nouvelle née se nommera "FOIS" comme son père désigné.
Le mariage a lieu deux ans plus tard, en septembre 1802, toujours à Saint-Martin-de-Hinx.
Source : BNF Gallica
Titre : Carte topographique et routière du departement des Landes... d'après la carte du Dépôt de la guerre...
Editeur : Le Mercier Paris, 1869
Après le mariage de Jean FOIS et de Jeanne LABORDE, le couple a quatre autres enfants : Jeanne en 1803 (Saint-Martin-de-Hinx), Thérèse en 1806 (Saint-Martin-de-Hinx), Marie en 1808 (Saint-Jean-de-Marsacq) et Jean en 1810 (Saint-Jean-de-Marsacq).
Entre 1806 et 1808, le couple change de commune. Le père de Jeanne, Dominique LABORDE est mort en 1805 et c'était leur seul parent (sur les quatre) encore vivant au moment du mariage en 1802. Est-ce la cause de leur départ ? Ils ont en tout cas moins d'attache à Saint-Martin-de-Hinx. Ils sont désignés comme "laboureurs" dans l'acte de naissance de leur deuxième enfant, Jeanne, en 1802 et pour leur troisième enfant, Thérèse. Dans les mêmes pages, certains parents sont qualifiés de "métayers". Le changement de commune indique qu'ils ne sont pas propriétaires. Donc, ils sont sans doute ouvriers agricoles, une catégorie particulièrement pauvre parmi les gens qui vivent de la terre, socialement en dessous des métayers, eux-même en dessous des propriétaires exploitants, assez peu nombreux dans cette région. Pour ses deux derniers enfants, Jean FOIS est qualifié de journalier, ce qui confirme mon hypothèse.
Petite parenthèse sur le nom : le patronyme "FOIS" est utilisé pour la naissance des deux premiers enfants du couple, Suzanne et Jeanne ; pour Thérèse, c'est "Théresse FOYS" que nous lisons dans l'acte. Pour Marie et Jean, le nom de famille est orthographié "FOIX". Comme souvent à cette période, l'orthographe des patronymes n'est pas encore fixée. Je l'ai déjà évoqué mais je me répète quand même : la fixation de l'orthographe des patronymes se fait avec la montée de l'alphabétisation et la généralisation des livrets de famille à partir de 1877 (et comme je l'ai déjà expliqué, la création du livret de famille est la conséquence de la disparition des deux exemplaires de l'état civil parisien lors de l'épisode de la Commune en 1871, celui conservé par la ville et le second exemplaire conservé au tribunal d'instance). C'est le "troisième dépôt" de l'état civil comme le désigne la circulaire du ministère de l'intérieur du 18 mars 1877 qui instaure le livret..
Source : Archives départementales des Landes
Extrait des actes de naissances des cinq enfants de Jean FOIS et Jeanne LABORDE
Pouvons nous jeter un œil sur les recensements ? Le premier recensement disponible date de 1819 ; on va donc se rendre à Saint-Jean-de-Marsacq. Les parents et les enfants sont tous vivants. Jeanne LABORDE et Jean FOIS ont sans doute 45 ans pour lui et 46 pour elle. Ils sont tous les deux nés en août et les recensement se déroule en général au printemps, donc avant les 47 ans de Jeanne et les 46 ans de Jean.
Source : Archives départementales des Landes
Les parents sont bien présents, mais leur âge est légèrement surestimé ; le recensement est une source qui utilise des informations déclarées par les membres interrogés. On constate que Jean et Jeanne ne connaissent pas exactement leur âge précis. Ils vivent avec leur cinq enfants mais Suzanne est surnommée Marie. Pour les autres, le prénom est correct et les âges également, plus ou moins. Jean a 8 ans (et non pas 7), mais pour les autres, c'est bon. Les indications sont peu nombreuses pour ce recensement de 1819. Le suivant est celui de 1921 et nous ne pouvons donc pas avoir plus d'information pour la famille FOIS-LABORDE.
Sur les cinq enfants du couple, seule Suzanne, mon ancêtre directe, se marie (avec Jean BARON comme nous l'avons vu sur cette page) en 1829 et donne à ses parents leurs premiers petits-enfants, Jeanne BARON en 1830 et Jeanne BARON en 1831.
Pour les autres enfants de Jean FOIS et de Jeanne LABORDE, la situation est différente.
La deuxième fille du couple, Jeanne FOIS/FOIX, meurt assez tôt, à l'âge de 21 ans en 1824, à Saint-Jean-de-Marsacq. Elle était journalière, comme ses parents. L'acte de décès lui donne l'âge de 22 ans.
Jean et Thérèse restent célibataires et, à priori sans enfants, bien qu'ils vivent tous deux assez vieux.
Thérèse FOIS/FOIX décède à l'âge de 81 ans (84 d'après l'acte de décès). Elle vivait toujours à Saint-Jean-de-Marsacq en exerçant une profession que je n'arrive pas à déchiffrer sur l'acte de décès : lavandière peut-être ? Mais rien n'est moins sûr.
Jean FOIS/FOIX atteint l'âge de 78 ans ; il a vécu à Dax et décède à Boucau, dans les Basses-Pyrénées. Il était ouvrier au moment de son décès et avait été aussi cafetier et domestique (ce que l'on apprend par les actes de mariages de membres de sa famille : un neveu et une nièce).
Reste Marie FOIS/FOIX , qui décède célibataire à l'âge de 60 ans, en 1868, et exerçait la fonction d'ouvrière à Saint-Jean-de-Marsacq, sans plus de précision. Célibataire mais pas sans enfant car elle en a eu trois, tous de père(s) inconnu(s). Ils sont trois, tous nés à Saint-Jean-de-Marsacq.
- L'aîné, Jean, né en 1835 et décède assez jeune, à Singapour. Il était "matelot deuxième classe" sur un navire de transport mixte, Le Rhône. Il meurt à l'hôpital de la marine à Singapour le 13 juin 1860 et son décès est repris dans un acte de décès en décembre 1860 dans l'état civil de Saint-Martin-de-Hinx où il vivait avant son départ. Parmi les deux témoins de son décès, le curé Jean-Marie BEUREL, provicaire supérieur de la mission de Singapour.
- Le dernier des trois enfants est Pierre, qui décède à l'âge de 4 ans en 1849. Il était né en 1845 à Saint-Jean-de-Marsacq, où il décède. Notons que Pierre est appelé Jean à son décès et, à l'inverse, Jean est nommé Pierre sur l'acte de décès.
- Entre les deux, en 1838, est née Suzanne FOIS/FOIX, qui s'appelle comme sa tante. Elle se marie en 1870 avec Jean DAURE, un batelier, à Sainte-Marie-de-Gosse. Sa mère n'assiste pas à son mariage car Marie FOIS/FOIX est morte deux ans plus tôt en 1868. Son oncle, Jean FOIS/FOIX, est un des quatre témoins du mariage.