Rédigé en novembre 2023

Mon père, Pierre LARRETGÈRE, né en 1936 à Bordeaux, a, comme parents, un couple né et marié à Saint-Geours-de-Maremne, commune du Sud des Landes, située plus ou moins entre Dax et Bayonne. Ses parents sont Jean LARRETGÈRE et Maria DUTEN.

Maria DUTEN, surnommée Jeanne, ma grand-mère, est la fille d'Antoine DUTEN et de Jeanne HAURET, sandeliers.

Antoine DUTEN, surnommé Jeanti, mon arrière grand-père, est le sixième enfant (sur huit) de Pierre DUTEN et de Jeanne HOSSELEYRE, un couple de métayers.

Nous allons ici nous intéresser aux parents de ce Pierre DUTEN, mon arrière arrière grand-père (ou bisïaul) à savoir Jean DUTEN et Marie FABAS, mes trisaïeuls.

Ci-dessous, les liens vers les gens et/ou les familles cités dans cette introduction.

Commençons par la vie de Jean DUTEN, de sa naissance à son mariage, ou de ce que nous pouvons en savoir à travers les actes de l'état civil et les recensements.

Ses parents sont Pierre DUTEN, né à Pey en 1768 et Catherine LESEYRES, née à Orist en 1773. Ils se marient en 1794 dans la commune de Saubusse, où leurs parents respectifs se sont installés. Tous sont cultivateurs ou laboureurs non propriétaires, c'est-à-dire métayers (ou parfois ouvriers agricoles). Pierre DUTEN a 25 ans en 1794 et Catherine LEYSEYRES en a 21.

Ils restent à Saubusse, dans la métairie exploitée par le père de Pierre DUTEN, Jean DUTEN qui est veuf (la mère de Pierre DUTEN, Catherine BUCAU, est morte en 1787) au Petit Pradau ou Prada selon les périodes et les actes. La maison est appelée parfois juste Prada (mais il y a un Petit Prada et un Grand Prada) et ils font ce que font les jeunes couples : des enfants.

Faisons un petit saut dans le temps avec le recensement de la commune de Saubusse de 1806.

Source : Archives départementales des Landes

Cote : 6 M 82

Le couple vit toujours à Saubusse, à la maison du Petit Prada, avec le père de Pierre DUTEN, Jean veuf. On compte quatre enfants pour le couple en 1806, d'après le recensement :

- Jean, dix ans, l'aîné, est né en 1795 ;

- Jean, sept ans, est né le 1er mars 1797 ; il s'agit de mon ancêtre.

- Pierre, cinq ans, est né en 1799.

- Enfin, une fille, Suzanne, née en 1803.

Cependant, Jeanne LESEYRES a eu un autre enfant en 1796, Bertrand, que je ne trouve pas dans le recensement. Je suppose qu'il a du décéder entre sa naissance et le recensement de 1806, mais je n'ai pas trouvé son acte de décès, malgré l'étude systématique des registres des actes de décès de la commune de Saubusse entre 1796 et 1806.

Mon trisaïeul est donc né pendant la période de la Première République (1792-1804), le 11 ventôse de l'an V ou 1er mars 1797 dans le calendrier grégorien. Il est en âge de participer aux travaux de la métairie avec ses parents et son grand-père malgré son jeune âge. Il doit partager ses moments de jeux avec son frère aîné et les deux plus jeunes.

Examinons l'acte de naissance de Jean DUTEN

Sources : Archives départementales des Landes

Cote : E dépôt 293/ES 1540-18

Dans l'acte, on lit que Jean DUTHEN (sic), assisté de son jeune frère de quinze ans prénommé également Jean et de Jeanne LAFITE (vingt-trois ans), à huit heures du matin, ont déclaré la naissance d'un enfant "malle" (sic), né de lui et de Jeanne Les Eyres (sic) survenue la veille. L'enfant a été prénommé Jean. Le père, dont le prénom de baptême est Pierre mais qui semble répondre au prénom Jean et les deux témoins ne signent pas l'acte "pour ne savoir".

Jean DUTEN nait donc en 1797 et se marie en 1830, à l'âge de 33 ans. Entre les deux dates, que fait-il ? Il doit rester à priori chez son père à Petit Prada quelques temps. Cependant, lors du recensement de 1819, il n'apparait pas parmi les habitants du Petit Prada. Il a 21 ou 22 ans.

Source : Archives départementales des Landes

Cote : 6 M 102

Le grand-père de Jean est décédé en 1811 à l'âge de 70 ans (son âge au précédent recensement était largement surestimé). Vivent, avec Pierre DUTEN (nommé ici DUTTEN) et Jeanne LESEYRES (au patronyme orthographié LESZEYRES), les frères et la soeur de Jean : son frère aîné, Jean et les deux plus jeunes, Pierre et Suzanne. On note la présence de Marie LACAU, épouse de l'aîné ; ils se sont mariés en 1815 et ont une petite fille prénommée Jeanne

En 1819, la commune de Saubusse et "Gourbi" (comme elle est orthographiée dans le recensement de 1819 ; Gourby est un hameau qui a été rattaché à Saubusse avant de l'être à la commune de Rivière, avec le hameau de Saas) compte 952 habitants. Saubusse est un village essentiellement agricole mais comporte également un port actif. L'Adour était une voie commerciale importante qui distribuait les produits agricoles et le bois de la région vers Bayonne et qui débarquaient des productions coloniales. Le train a mis fin au rôle de l'Adour dans l'acheminement des denrées commerciales. L'étude du recensement de 1819 m'a permis de retrouver Jean DUTEN, mon ancêtre, employé comme domestique (comprendre un ouvrier agricole vivant chez son employeur) chez un métayer de 40 ans, Jean LAFITTE et son épouse, Jeanne DARTHEZ. Le couple a quatre enfants dont le plus âgé a 7 ans et le plus jeune 1. Ils ne peuvent donc pas fournir une aide conséquente au couple, d'où le recours à un domestique. Jean a 22 ans.

Source : Archives départementales des Landes

Cote : 6 M 102

Je change mon approche pour Marie FABAS en partant non pas de sa naissance mais de son mariage en 1830. D'abord pour éviter le sentiment de répétitions des présentations mais également parce que l'acte de mariage contient des erreurs, et c'est en relevant ces erreurs que je présenterai son milieu familial.

Et je commence par une digression sur l'origine du nom FABAS, plutôt porté dans le Béarn, les Landes, qui signifie fève ou champ de fèves. C'est également le nom de quelques communes locales. Cela me fait remonter quelques souvenirs des années 1970 : ma grand-mère paternelle, Maria "Jeanne" DUTEN, épouse de Jean LARRETGÈRE, faisait pousser des fèves dans son petit jardin foisonnant de fleurs et de légumes. On en récupérer avant le repas et cela faisait une entrée délicieuse avec un peu de sel, de pain et de beurre...

Source : Archives départementales des Landes

Cote : 4 E 293/6-10

Le mariage se déroule dans la commune de Saubusse, lieu de naissance et domicile de l'époux, Jean DUTEN. Il a bien 33 ans au moment de la cérémonie (les actes de la première partie du XIXe siècle sont parfois inexacts sur les questions d'âge). Son père s'appelle Jean DUTEN mais il était essentiellement prénommé Pierre (l'acte le désigne d'ailleurs sous les deux prénoms Jean Pierre). Pas d'erreur sur sa mère, Jeanne LESEYRES, décédée quelques mois auparavant, le 3 décembre 1829.

Pour Marie FABAS, les erreurs sont au moins au nombre de deux : elle n'est pas née à Saint-Geours-de-Maremne, comme aucun de ses huit frères et sœurs. À l'exception du petit dernier, né à Mées, ils sont tous nés à Saint-Paul-lès-Dax. Enfin, son père ne s'appelait pas Jean FABAS mais Simon FABAS. Avec son acte de décès (à Saint-Geours-de-Maremne), et un acte de naissance d'un de ses enfants, ce sont les seules fois où le prénom de Simon est changé en "Jean". Son épouse, Marie CAVALERIE, est présente et consentante.

Simon FABAS et Marie CAVALERIE (ou CAVALERY selon les actes) se sont mariés à Saint-Paul-lès-Dax, en 1795, d'où est originaire Marie mais pas Simon qui a été baptisé à Rivière (aujourd'hui Rivière-Saas-et-Gourby) en 1765. Comme la famille DUTEN-LESEYRES, ce sont des métayers et ils changent parfois de communes. Ils vivent d'abord à Saint-Paul-lès-Dax (en changeant parfois de métairies) où ils ont sept enfants entre 1796 et 1816, passent par Mèes où ils ont un huitième enfant avant de s'installer à Saint-Geours-de-Maremne. Notons qu'au moment de leur mariage, Simon FABAS était âgé de 30 ans et Marie CAVALERIE en avait 16.

Source : Archives départementales des Landes

Cote : 6 M 102

Voici un extrait de recensement de la commune de Mèes en 1819.

On note la présence de 8 enfants :

- Philippe : 17 ans

- Elizabeth : 26 ans

- Jeanne : 10 ans

- Jean : 14 ans

- Jean : 5 ans

- Marie : 2 ans

- Jeanne : 6 ans

- Jean : 4 mois.

Il faut débrouiller un peu ça car tout ne correspond pas avec mes relevés des actes de naissance des enfants de la famille.

- Philippe : 17 ans. De façon surprenante, Philippe est une fille. J'ai cru à une erreur dans son acte qui indique la naissance d'un "enfant femelle" mais en fait, Philippe se révèle être bien une fille puisqu'elle se marie avec un Dominique LAMOLIATTE en 1832 (et c'est un garçon). Elle est née en 1800 et a donc plutôt 18 ans voire 19.

- Elizabeth : 26 ans. Alors là, mystère. Si la personne prénommée Elizabeth a bien 26 ans, elle serait née avant le mariage de Simon FABAS et de Marie CAVALERIE. De plus, aucun de leurs enfants n'est prénommée Elizabeth. Autre hypothèse : il s'agit de Marie FABAS, née en 1802 et qui a donc 16 ans (et non pas 26) et qui, dans les recensements et dans certains actes, dont son acte de décès est surnommé Elizabeth...

- Jeanne : 10 ans. Là, ça correspond à la petite Jeanne, née en 1808.

- Jean : 14 ans. C'est effectivement un enfant du couple né en 1805 à Saint-Paul-lès-Dax.

- Jean : 5 ans. J'ai bien un Jean FABAS né en 1813.

- Marie : 2 ans. Pareil pour Marie, née en 1816.

- Jeanne : 6 ans. Pas de Jeanne mais une Marie née en 1811, ce qui semble correspondre. Le prénom utilisé et le prénom de naissance varient souvent dans le coin. Je ferai un petit point sur le sujet ultérieurement.

- Jean : 4 mois. Le petit dernier est bien né à Mèes en 1819 et se prénomme bien Jean (et c'est bien un FABAS ; pourquoi le recensement semble ignorer son nom ? Difficile à dire.)

Il me manque deux enfants, Jean, l'aîné, né en 1797 et peut-être Marie, née en 1802 qui est mon ancêtre, ma trisaïeule (mais qui doit être Elizabeth avec une erreur dans la date). Jean doit louer sa force de travail comme domestique dans une exploitation quelconque. Mais ce n'est ni à Mées ni à Saint-Paul-lès-Dax, pas plus qu'à Saint-Geours-de-Maremne d'après mes recherches sur les recensements de 1819.

C'est donc à Saubusse, lieu d'habitation de Pierre DUTEN, que se déroule son mariage, en 1830, avec Marie FABAS qui vit à Saint-Geours-de-Maremne. Nous avons déjà vu, dans les pages du site, que les mariages ont plutôt lieu dans la commune de l'épouse. Ce n'est pas le cas ici.

Les recensements disponibles aux AD40 (Archives départementales des Landes) ne sont pas toujours complets car, parfois, les sources sont manquantes Je ne peux donc pas suivre le parcours de mes deux ancêtres entre 1819 et leur mariage en 1830. Pour Saubusse, les recensements sont disponibles pour les années 1806, 1807, 1819 et 1841. Pour Saint-Geours-de-Maremne, nous pouvons disposer des années 1819, 1836, 1841, 1851, 1856, 1866, etc.

Pierre est laboureur (métayer au mieux) et Marie est sans doute ouvrière agricole. Les FABAS et les DUTEN sont présents dans les nombreuses communes entre Dax et Saint-Geours-de-Maremne et les possibilités de rencontres sont assez nombreuses dans le cadre de fêtes familiales ou dans le cadre d'arrangement. J'avoue ne pas trop m'être renseigné sur le sujet pour l'instant.

Dans un premier temps, le jeune couple habite Saubusse. Au moment du mariage, Marie "Elizabeth" FABAS a 28 ans et Jean DUTEN en a 33. Ils ne sont plus si jeunes que ça. Depuis le code civil de 1804, la nubilité (c'est-à-dire l'âge à partir duquel on peut se marier) est de 15 ans pour les filles et 18 ans pour les garçons (à 15 et 18 ans, ils étaient cependant toujours mineurs puisque la majorité matrimoniale - c'est-à-dire sans le besoin du consentement des parents - était fixée à 21 ans pour les filles et 25 ans pour les garçons). Cependant, l'âge au premier mariage en France, en particulier dans les zones rurales, reste assez élevé : d'après l'article de Louis HENRY et Jacques HOUDAILLE, "Célibat et âge au mariage aux XVIIIe et XIXe siècles en France. II. Age au premier mariage" dans Population, 34ᵉ année, n°2, 1979, il serait, pour les années 1830-1839, situé entre 27,1 et 28,3 ans pour les garçons et entre 25,7 et 26 ans pour les filles. Donc, Jean et Marie sont un peu plus âgés pour leur premier mariage que les chiffres moyens sans pour autant en être si éloignés que cela. Si l'on compare avec les autres membres de la famille, on note que les frères de Jean DUTEN se marient à 20 ans pour son aîné (Jean né en 1795) et à 19 ans pour son cadet (Pierre né en 1799). Côté FABAS, les frères de Marie ont 32 ans, 36 ans, 22 ans et 27 ans pour leur premier mariage (ils se prénomment tous Jean). Côté filles, les sœurs de Marie FABAS ont 32 ans pour Philippe et 20 ans pour Jeanne. On peut observer, avec ce faible échantillon pas du tout représentatif, que le mariage aux alentours de la vingtaine est plus une exception qu'une règle.

A Saubusse (commune natale de Jean DUTEN et de ses frères et sœurs), le jeune couple travaille la terre comme métayers à maison Vignau (ou Bignau ; en gascon, le V se prononce B). Marie "Elizabeth" y accouche de ses deux premiers enfants : Marie le 9 août 1831 et Pierre le 5 avril 1833. A chaque fois, Marie FABAS est prénommé "Elizabeth" et un des témoins est le jeune frère de Jean DUTEN, surnommé "Martin". Comme nous l'avions observé sur l'acte de mariage, personne ne sait signer (à part l'officier d'état civil).

Le couple déménage ensuite à Saint-Geours-de-Maremne. Les parents de Marie "Elizabeth" y sont déjà installés. Son père, Simon FABAS, décède à Saint-Geours-de-Maremne en 1824 et sa mère y vit avec un des ses fils (marié).  Un des frères de Jean DUTEN, l'aîné, prénommé Jean également, s'est également installé dans la même commune avec son épouse Marie LACAU. Il faut dire que la distance n'est pas grande avec Saubusse puisque les deux communes sont limitrophes. Et ils sont tous métayers ou ouvriers agricoles et non pas propriétaires de leurs terres. Les déménagements ne sont donc pas si rares.

Source : Wikipedia (article Saubusse) consultée le 10/11/2023.

On peut observer que la commune de Pey, où est né Pierre DUTEN, le père de Jean DUTEN est également proche, de même qu'Orist, lieu de naissance de sa mère, Catherine LESEYRES. Plus à l'Ouest, Saint-Paul-lès-Dax, lieu de naissance de Marie "Elizabeth" FABAS.

On retrouve Jean DUTEN et Marie "Elizabeth" FABAS dans le recensement de Saint-Geours-de-Maremne de 1836 avec leurs deux enfants, Marie et Pierre (surnommé Jean). Comme on le voit, ils ne sont pas métayers mais journaliers, c'est-à-dire ouvriers agricoles. Ils vivent au Petit Sarto, une maison ou un petit groupe de maisons.

Source : Archives départementales des Landes

Cote : E DEPOT 261/1F2

En 1837, Jean DUTEN et Marie "Elizabeth" FABAS ont un troisième enfant, un garçon prénommé Pierre comme le premier (premier qui était surnommé Jean). Ce sont deux voisins qui accompagnent Jean DUTEN déclarer la naissance de l'enfant à la mairie à 11h du matin le 9 novembre 1837. L'enfant est né dans la veille, à 20h.

En 1838, ce sont également deux voisins qui se déplacent à la mairie mais pas pour une naissance. La petite Marie DUTEN, fille aînée de Jean et de Marie "Elizabeth" vient de décéder à 8h du matin, le mardi 14 août.

Le couple à quitté le Sarthou (ou Sarto ou Sarton selon les actes) pour s'installer maison Dossan. Ils ont également changé de situation sociale en redevenant métayer. Ils ont une domestique, mais rappelons que ce terme désigne un ouvrier ou une ouvrière agricole, célibataire, qui vit dans la même maison. L'aîné de leurs enfants, comme on le voit dans l'extrait du recensement de 1841 ci-dessous, a gardé son surnom de Jean et le second garde son prénom de l'état civil (Pierre). Pour une fois, Marie FABAS n'est pas désignée par le prénom Elizabeth comme dans les actes de naissances et de décès de ses enfants ou comme dans le recensement de 1836.

Source : Archives départementales des Landes

Cote : E DEPOT 261/1F2

En 1845 a lieu la naissance de leur quatrième enfant, une fille, qui est prénommée Jeanne. C'est également leur dernier enfant. Marie a 43 ans, Jean en a 48. Ils vivent toujours maison Dossan.

Le recensement de 1846 n'est pas disponible aux AD40 pour la commune de Saint-Geours-de-Maremne. C'est donc en 1851 que l'on retrouve la famille. Et ils sont tous désignés par leur prénom de l'état civil sauf leur fils aîné qui garde son surnom de Jean.

Source : Archives départementales des Landes

Cote : E DEPOT 261/1F2

On constate que la situation n'a pas vraiment changé. Ils n'ont plus de domestique mais les garçons, âgés de 16 et 13 ans, doivent fournir une main d’œuvre utile pour les parents. Les âges sont à prendre avec précaution : Jean, le fils aîné, doit avoir entre 17 et 18 ans et non pas 16. Pour le père, et les deux plus jeunes, Pierre et Jeanne, les âges sont corrects. Marie a plutôt entre 48 et 49 ans.

Passons à l'année 1856.

Source : Archives départementales des Landes

Cote : E DEPOT 261/1F2

A priori, peu de changement. L'ainé du couple (Pierre dit "Jean") n'est plus là et une domestique a pris sa place pour les travaux agricoles. Malgré un patronyme identique, je n'ai pas trouvé de lien familial entre la jeune Pauline DUTEN et son employeur Jean DUTEN. Et Marie a perdu son prénom et son surnom d'Elizabeth pour une troisième appellation : Jeanne.

C'est cette même année que la vie de Jean DUTEN et Marie FABAS est marquée par un nouveau changement plutôt dramatique. Pierre "Jean" DUTEN décède à l'âge de 23 ans. Je ne sais pas s'il est déjà mort lors du recensement mais c'est peu plausible ; les recensements sont rarement réalisés en fin d'année. Pierre est militaire ; s'est-il engagé ? Est-il conscrit ? L'acte de décès ne répond hélas pas à ces questions. Et pour l'instant, aucune archive en ligne n'est disponible à ce sujet. Le site des archives du ministère des Armées, Mémoire des hommes, donne accès à de plus en plus de documents mais tout n'est pas encore numérisé et/ou mis en ligne. Cependant, le travail déjà accompli est considérable.

Source : Archives départementales des Landes

Cote : 4 E 261/8

Marie FABAS et son époux Jean DUTEN vont poursuivre leur vie de métayers à maison Dossan dans la commune de Saint-Geours-de-Maremne avec leurs deux enfants restant, Pierre et Jeanne.

En février 1859, ils assistent au mariage de Pierre, mon ancêtre direct, père de mon arrière grand-père, Antoine "Jeanti" DUTEN. Il épouse, à 21 ans, une jeune fille du village, Marie DASSÉ, âgée de 19 ans. Elle tombe enceinte au début de l'année 1860 mais, neuf mois plus tard, accouche d'un enfant mort né de sexe masculin. Elle-même décède le même jour, quelques heures plus tard. Le jeune veuf reste vivre chez ses parents.

1865 et 1866 : deux années et deux mariages. D'abord, le remariage de Pierre, 27 ans, avec Jeanne HOSSELEYRE. Elle a 24 ans, elle est née à Seignosse et, comme Pierre, elle est veuve. Elle a épousé un Saint-Geourois en 1860 mais qui a trouvé la mort deux ans plus tard.

En 1866, c'est Jeanne DUTEN, 21 ans, qui se marie en octobre avec Jean GROCQ, un Saint-Geourois qui a un an de moins que sa future épouse. Marie FABAS, 64 ans, et Jean DUTEN, 67 ans, sont présents, consentants mais ne signent toujours pas l'acte de mariage ne sachant toujours pas écrire.

Ils vivent toujours maison Dossan avec leur fils Pierre, leur bru Jeanne HOSSELEYRE et leur premier petit-enfant, une petite Elizabeth née en janvier 1866 et qui est vite surnommée Luce.

Recensement de 1866 de Saint-Geours-de-Maremne

Source : Archives départementales des Landes

Cote : E DEPOT 261/1F2

Marie "Elizabeth" "Jeanne" FABAS et son mari Pierre DUTEN sont toujours dans "leur" métairie de maison Dossan à Saint-Geours-de-Maremne en compagnie de leur fils Pierre, de leur belle-fille Jeanne HOSSELEYRE et de leur première petite fille Elizabeth. Jeanne, leur fille, n'est pas encore mariée avec Jean GROCQ et vit avec le reste de la famille car si le recensement date, comme le mariage, de 1866, il a du être réalisé avant avant ce dernier, qui a lieu en octobre.

Un an plus tard, Jean DUTEN décède à l'âge de 69 ans. Nous sommes le 30 janvier 1867. Comme souvent, ce sont des voisins qui, le lendemain, déclarent le décès survenu à 23h. Ils ne connaissent pas le nom des parents de Jean, pas plus, visiblement, que l'officier d'état civil, le maire Jean-Théodore BESSABAT. N'oublions pas que Jean DUTEN n'est pas natif de la commune.

Faisons un saut jusqu'en 1872. Le recensement quinquennal aurait du avoir lieu en 1871 mais la République française venait d'être proclamée en septembre 1870, la France était encore en guerre contre la Prusse et la Commune de Paris subissait la répression des "Versaillais", c'est-dire de l'armée aux ordres du gouvernement installé à Versailles. Bref, le recensement a été repoussé d'un an.

Donc, revenons à notre recensement de 1872 à Saint-Geours-de-Maremne...

Source : Archives départementales des Landes

Cote : E DEPOT 261/1F2

Marie "Elizabeth" FABAS, désormais veuve, vit avec son fils Pierre et la famille de ce dernier, sa femme Jeanne HOSSELEYRE et leurs premiers enfants. J'ai développé la vie de mes ancêtres directs Pierre DUTEN et Jeanne HOSSELEYRE sur cette page. Le jeune François LASSALLE est le fils de Jeanne HOSSELEYRE issu de son premier mariage. Comme nous l'avons vu, Jeanne et Pierre DUTEN sont tous les deux de jeunes veuf·euves.

Marie FABAS n'est pas présente au recensement de 1876 car elle décède deux ans avant, le 8 janvier 1874, dans la métairie de maison Dossan qu'elle habite depuis 1838. Elle avait 71 ans.

Pour conclure, Pierre DUTEN et Marie FABAS ont vécu relativement longtemps, atteignant les 70 ans (69 pour lui, 71 pour elle), ont vécu la dure vie d'ouvriers agricoles et de métayers dans le Sud-Ouest du département des Landes, sans être, sans doute, réellement impactés par les vicissitudes de la vie politique (la Restauration de 1815, la révolution de 1830, la Second Empire et enfin les débuts de la IIIe République). Ils sont restés illettrés toute leur vie et leurs enfants n'ont pas bénéficié d'une scolarité gratuite et obligatoire qui n'est pas encore réellement en place. Ils ont quatre enfants, trois qui ont atteint l'âge adulte et deux qui ont vécu assez longtemps pour se marier et avoir une descendance. N'étant pas propriétaire, ils n'ont pas légués grand chose à leurs deux enfants survivants qui, comme eux, sont métayers.

Comme Jean DUTEN, leur fils,  avec son épouse Jeanne HOSSELEYRE, sont mes ancêtres directs, ils ont une page dédiée. Nous allons donc plutôt nous concentrer sur leur deuxième enfant survivant, Jeanne DUTEN et son époux Jean GROCQ. Et leur dix enfants !

Les actes de décès de Jean DUTEN et de Marie "Elizabeth" FABAS

Source : Archives départementales des Landes

Cote : E 261/12

Jeanne DUTEN, 21 ans, épouse Jean GROCQ qui en a 20. Comme Jeanne, il est né à Saint-Geours-de-Maremne. Comme son épouse, il est cultivateur et ses parents, Guillaume (ou Guilhaume) GROCQ et Jeanne TOURNIÉ ou TOURNIER, sont métayers, nés eux-même à Saint-Geours-de-Maremne respectivement en 1800 et 1805. Les parents du jeune couple sont tous vivants pour le mariage qui se déroule le mercredi 17 octobre 1866. 

Entre 1866 et 1888, Jeanne DUTEN et Jean GROCQ ont dix enfants, six filles et quatre garçons. C'est beaucoup d'enfants, même pour l'époque, dans un Sud-Ouest qui a connu une baisse de la fécondité assez tôt, dès le XVIIIe siècle. L'indicateur structurel de fécondité, qui mesure le nombre moyen d'enfants par femme en âge de procréer (entre 15 et 50 ans) est un indice qui établit une moyenne. Cette moyenne ne rend pas forcément compte des situations individuelles très variables, des spécificités régionales, des différences entre zones urbaines et zones rurales, de l'âge réel des femmes ayant leur premier enfant, etc. C'est une tendance. En 1800, en France, on évalue l'indice structurel de fécondité à 4,4 enfants par femme en âge de procréer. En 1880, il est environ de 3,4 enfants. Autre aspect à prendre en compte, la mortalité infantile : elle est en baisse depuis le XVIIIe siècle : en 1740, elle touchait un nourrisson sur trois ; au milieu du XIXe siècle, elle ne concerne plus qu'un nourrisson sur six. Cette baisse de la mortalité infantile est la conséquence de plusieurs progrès, comme la vaccination contre la variole, les premiers soins donnés aux enfants, l'amélioration des soins données aux enfants, les progrès de l'hygiène, etc. Là encore, les variations sont fortes selon la région, selon le milieu social, familial, les saisons, les années, les épidémies (le choléra a fait des ravages en 1859)...

Donc dix enfants, ce qui est beaucoup et un seul nourrisson qui décède en 1873 : cela fait neuf enfants qui arrivent à l'âge adulte. Les parents de Jeanne DUTEN, on le rappelle, avait eu quatre enfants (ils étaient plus âgés à leur mariage que leur fille et leur gendre) : une enfant morte assez jeune et un jeune adulte décédé. Il n'ont donc eu que deux enfants qui se sont mariés et ont eu une descendance.

Donc, dix enfants, tous nés à Saint-Geours-de-Maremne, et tous portant le patronyme de GROCQ comme leur père. Dans l'ordre chronologique, nous avons :

- 4 octobre 1867 : Jeanne (surnommée Marie)

- 24 août 1869 : Pierre (surnommé Rémy)

- 24 août 1871 : Jeanne (surnommée Eugénie)

- 19 juin 1873 : Jeanne

- 1er octobre 1874 : Marie (surnommée Lucia)

- 3 juillet 1876 : Jean (surnommé Jean-Baptiste)

- 7 novembre 1878 : Justine (surnommée Jeanne)

- 8 mai 1882 : Jeanne (surnommée Lucie)

- 7 mars 1884 : Bertrand (surnommé Jules)

- 16 mai 1888 : Ariste (surnommé Eugène).

L'écart est donc de 21 ans entre l'aînée et le benjamin de la famille qui nait en 1888. Jeanne DUTEN a alors 42 ans et son mari Jean GROCQ en a 41. Ils ne sont pas vieux que cela mais ils n'ont plus d'enfants.

En 1891, ils ne sont plus dans le recensement de la commune de Saint-Geours-de-Maremne. Et par l'acte de mariage de leur fils Pierre "Rémy", on sait qu'ils vivent désormais dans la commune de Labenne. Pourquoi ce déménagement ? Aucune idée. Ils restent cultivateurs mais dans un autre village et une autre métairie. Ils avaient changés trois fois de métairie à Saint-Geours-de-Maremne. Labenne est une commune plus petite que Saint-Geours-de-Maremne : 800 habitants en 1890 contre plus du double à Saint-Geours-de-Maremne (1651 exactement). Cependant, à cette période, Saint-Geours-de-Maremne perd des habitants tandis que Labenne est en croissance. Elle vit de l'agriculture et de l'exploitation du bois. Elle est également dans la sphère d'influence de Bayonne.

Source : Wikipedia

Jean DUTEN et Marie FABAS, désormais installés à Labenne, marient leurs premiers enfants. Le hasard faisant bien ou mal les choses, Jeanne "Marie" GROCQ et Pierre "Rémy" GROCQ se marient le même jour : le 7 décembre 1893. Cependant, pour Pierre "Rémy", la cérémonie a lieu à Labenne et pour Jeanne "Marie", le mariage se déroule à Hendaye où elle réside. Les parents n'ayant pas le don d'ubiquité, ils ne devraient être présents qu'à un seul des deux mariages qui, de plus, ont lieu tous les deux à 19h. Pourtant, sur l'acte de mariage de Pierre "Rémy" GROCQ, les parents sont indiqués présents et dans l'acte de mariage de Jeanne "Marie" GROCQ, l'adjoint au maire précise que les parents de l'épouse n'ont pas signé pour ne savoir. Il n'est pas sûr qu'ils soient à Hendaye : la formulation est ambiguë. Il est écrit que les parents : "nous ont requis de procéder à la célébration du mariage"... Et je ne peux pas comparer avec les parents de l'époux qui sont décédés. Dans d'autres actes de mariage du même registre, la mention "présents et consentants" est cependant écrite en toute lettres. On va donc en conclure que les parents sont à Labenne ce jour là.

On le voit avec le départ de Jeanne "Marie" à Hendaye, la famille GROCQ-DUTEN s'éparpille. C'est le classique exode rural. L'activité agricole se réduit et les activités professionnelles se diversifient et s'accompagnent de départ vers des destinations plus ou moins lointaines. C'est également le moment où l'ascension sociale est désormais une opportunité. Même Jean GROCQ, père de famille et cultivateur depuis son enfance change de métier et devient ouvrier. C'est dans un acte de mariage d'un de ses enfants, en 1915, que l'on peut voir cette mention. Dans quel domaine ? L'acte ne le précise pas. Quand a lieu cette reconversion ? Entre 1902 et 1915 mais rien ne me permet d'être plus précis.

Les mariages des enfants s'étalent de 1893 pour les deux premiers à 1919. Seule à échapper à mes recherches Marie "Lucia" née en 1894. Je n'ai aucune information sur son devenir.

C'est en 1919 que décède Jean GROCQ, à l'âge assez respectable de 72 ans. Il ne faut pas comparer avec l'espérance de vie, souvent mal comprise. Elle intègre la mortalité infantile et ne donne pas vraiment l'âge au décès des adultes (appelé l'âge modal au décès). 72 ans était déjà l'âge modal au décès en France pour les deux sexes au milieu du XIXe siècle et n'avait donc rien d'exceptionnel. L'espérance de vie en 1900 était seulement de 45 ans en raison de la forte mortalité infantile. Cela ne signifie pas que les adultes mourraient vers 45 ans.

Je ne connais pas l'âge du décès de Jeanne DUTEN. Elle est vivante en 1919, vivante en 1921 (chez son fils Pierre "Rémy") et après, je ne sais pas. En 1926, elle est absente du recensement de la commune de Labenne. Deux hypothèses s'offrent à nous : elle vit avec un ou une autre de ses enfants ou elle est morte entre 1921 et 1926. Où, je ne sais pas, car je n'ai pas trouvé son décès dans les tables et les actes de Labenne disponibles aux Archives départementales des Landes, ni au nom de DUTEN ni au nom de GROCQ. Cela nécessitera sans doute une mise à jour.

Pour les deux générations suivantes, celles des enfants et petits enfants de Jeanne DUTEN et de Jean GROCQ, les traits marquants sont l'exode rural, la diversification des activités professionnelles et, bien sûr, la Première guerre mondiale. Si ceux nés à la fin des années 1860 et au début des années 1870 ne sont pas toujours directement concernés, leurs enfants le sont.

Les actes de mariage (quand on réussit à les retrouver) permettent de suivre l'évolution géographique de la famille GROCQ-DUTEN. Jeanne DUTEN et Jean GROCQ, nés et mariés à Saint-Geours-de-Maremne, commune rurale du Sud-Ouest des Landes, ont fini leurs jours à Labenne qui est également une commune rurale du Sud-Ouest des Landes.

Pour leurs enfants, l'horizon géographique s'élargit, en raison de l'industrialisation de l'économie et de l'évolution des moyens de transport, à savoir l'essor des chemins de fer. Mais pas pour tous. Certains vont rester à Labenne.

C'est le cas de Pierre "Remy", né en 1869, qui se marie à Labenne en 1893 avec une jeune fille du village nommée Jeanne ANDRIEU et il décède à Labenne en 1939.

C'est également le cas de sa jeune soeur Jeanne "Lucie" (née en 1882) qui épouse à Labenne François ANDRIEU (le frère de Jeanne ANDRIEU citée plus haut) et qui y finit ses jours en 1971.

La situation est différente pour les 7 autres enfants du couple.

Jeanne "Marie", l'aînée, se marie, nous l'avons vu plus haut, en 1893 à Hendaye avec un jeune homme née à Saint-Geours-de-Maremne mais qui réside à Bordeaux, répondant au nom de Martin DUBOSCQ, meunier de formation mais désormais préposé aux douanes. Le couple va vivre en Gironde, à Pauillac entre autre.

Jeanne "Eugénie", née en 1871, se marie à Labenne avec Pierre BORDES, un représentant de commerce des Pyrénées Atlantiques mais va vivre dans le département d'origine de son époux.

Ils sont quatre à se marier en région parisienne :

- Jean dit Baptiste ou Jean-Baptiste GROCQ, né en 1876, épouse Lucie TONY, une parisienne en 1919 ;

- Justine "Jeanne" GROCQ, née en 1878, se marie en 1908 avec Lucien DAVID, né dans la Val-de-Marne ;

- Bertrand "Jules", né en 1884, se marie à Vincennes en 1913 avec Jeanne LACAVE, une lointaine cousine née à Saint-Geours-de-Maremne ;

- Ariste "Eugène", le benjamin de la famille, né en 1888, épouse à Paris en 1915 une dénommée Célestine LANDRIEU, née à Labenne.

Donc, deux restent sur place, deux changent pour un département limitrophe et quatre partent à Paris, capitale attractive. Reste Marie "Lucia", née en 1874, dont je n'ai pas trouvé de traces postérieures à sa naissance ou son enfance.

Les enfants de Jeanne DUTEN et de Jean GROCQ vont connaître directement ou via leurs propres enfants ou gendres les vicissitudes de la Première Guerre mondiale.

Parlons d'abord des garçons de la famille :

- Pierre (surnommé Rémy) GROCQ : né en 1869, il fait son service militaire de 1890 à 1893 dans le 34e régiment d'infanterie. Il reste soldat de 2e classe et reçoit son certificat de bonne conduite. Sa fiche matricule nous apprend qu'il mesure 1,66 m, qu'il a les cheveux noirs, les yeux châtains et un nez épaté dans un visage ovale et au front étroit. Son degré d'instruction est évalué à 2.

Rappelé par l'ordre de mobilisation générale du 2 août 1914, il ne reste dans l'armée que d'avril à août 1915. Il est renvoyé dans ses foyers car père de six enfants, qu'il a eu avec son épouse Jeanne ANDRIEU : Louise (1895), Jean-Baptiste (1897), Marie (1899), François (1901), Gérard (1904), Dominique Jean (1906). Et Anna Yvonne, la septième qui est née en 1915.

Quatre de ses enfants sont des garçons et un seul est en âge de participer à la guerre : Jean-Baptiste. Il est de petite taille (1,58 m), châtain, charretier au moment de son incorporation le 8 janvier 1916, il est intégré dans un régiment d'infanterie coloniale en juillet de la même année. Il est blessé à la main gauche par balle à Craonne le 19 avril 1917 puis reçoit une grenade lors de la Bataille de Saint-Mihiel le 13 mai 1918 qui entraîne l'amputation de son avant-bras droit, la perte de la vision de son œil droit et une ostéite du maxillaire supérieur droit. Pas sûr que sa médaille militaire et sa pension permanente pour invalidité compensent ces pertes.

- Jean (surnommé Jean-Baptiste) GROCQ : né 1876, aux cheveux châtain et mesurant 1,70 m (soit un homme plutôt grand pour son époque), il reçoit un certificat de bonne conduite à la fin de son service militaire, au 6e régiment d'infanterie, qui a duré de 1897 à 1900. Il retourne à l'armée en 1914 suite à la mobilisation générale. En 1915, il est affecté dans un régiment d'artillerie. Après un passage à la commission de réforme de la Seine, il est classé "service armé" en septembre avant d'être classé "service auxiliaire" en décembre par la même commission pour "bronchite suspecte et rhumatisme"). Il se marie en 1919 (à 43 ans) et donc, s'il a des enfants (j'avoue ne pas encore savoir), ceux-ci échappent à ce conflit.

- Bertrand (surnommé Jules) : né en 1884. Scieur de bois d'1,67 m, châtain comme son frère Jean "Baptiste", c'est au 49e régiment d'infanterie qu'il effectue son service militaire de 1905 à 1907. Soldat de 1ère classe puis caporal, il reçoit son certificat de bonne conduite. Il est ensuite nommé sergent en 1911 entre deux périodes d'exercices. Jeune marié en 1913, il retourne à l'armée en raison de la mobilisation générale. Il combat jusqu'au 14 juillet 1917 où il disparait au plateau de Courtecon dans le cadre de la Bataille du Chemin des Dames. Le 20 septembre 1917, par avis officiel, on apprend qu'il est prisonnier de guerre. Il est rapatrié le 29 novembre 1918. Il est démobilisé en mars 1919 après avoir été maintenu au service armé malgré une légère invalidité de l'avant bras droit. Son courage lui vaut la croix de guerre.

Source : Archives départementales des Landes

Cote : 168 W 30

- Ariste (surnommé Eugène) : né en 1888. Ariste "Eugène" fait son service militaire d'abord au 144e régiment  d'infanterie avant de passer au 15e escadron du train des équipages qu'il quitte en en septembre 1911 avec son certificat de bonne conduite. Mobilisé en 1914, il ne reste pas longtemps sous l'uniforme. Voyez plutôt :

Source : Archives départementales des Landes

Cote : 1014 W 6

La guerre est finie pour lui. Il touche une pension d'invalidité à partir de 1916. Entre-temps, il s'est mariée avec Célestine LANDRIEU, une jeune fille de Labenne, travaillant à Paris comme domestique. Le mariage a lieu à Paris où Ariste "Eugène" travaille comme électricien.

Évoquons maintenant, après les fils de Jean GROCQ et de Jeanne DUTEN, les gendres, eux-aussi concernés, pour certains d'entre-eux, par le premier conflit mondial.

Présentons ces gendres dans l'ordre avant de voir si ils ont été impactés par la guerre :

- Jeanne "Marie" GROCQ, née en  1867 s'est mariée avec Martin DUBOSCQ en 1893 ;

- Jeanne "Eugénie" GROCQ, née en 1871, a épousé Pierre Paul BORDES en 1895 ;

- Justine "Jeanne" GROCQ, en 1878, s'est mariée avec Lucien DAVID en 1908 ;

- Jeanne "Lucie" GROCQ, en 1882, a épousé François ANDRIEU en 1902.

Martin DUBOSCQ a 46 ans lorsque la mobilisation générale est décrétée le 2 août 1914. Il n'est pas mobilisé en 1914 et après 47 ou 48 ans, il n'est plus mobilisable. Il ne participe donc pas au conflit. Mais profitons de ce paragraphe pour évoquer son parcours militaire. Meunier à 20 ans, il devient préposé des douanes. Il a fait son service de 1885 à 1890 et participe à la Campagne du Tonkin de fin 1887 à début 1890. Il est caporal puis sergent dans le 108e régiment d'infanterie avant de passer en section d'infirmerie militaire. C'est un homme brun d'1,72 m ce qui est grand pour l'époque. Son degré d'instruction est de 3 et "exercé" au point de vue militaire.

Pierre Paul BORDES est né en 1858 ; il a donc 56 ans au début de la Première Guerre mondiale. Il est de Haute-Garonne et plutôt grand pour l'époque avec une taille d'1,76 m. Il fait son service dans l'artillerie et, en raison de son âge, n'est pas mobilisé dans le conflit de 1914-1918.

Lucien DAVID est de la classe de 1899 ce qui situe sa naissance en 1879. Il est né à Saint-Mandé dans le département de la Seine (aujourd'hui le Val-de-Marne). Lui aussi est très grand pour l'époque : 1,78 m. Il a les yeux gris bleu et les cheveux châtains clairs. Il est commis architecte à l'âge de 20 ans et vit dans le 18e arrondissement de Paris. Il fait son service dans le génie et finit sergent fourrier. C'est donc comme sous-officier qu'il participe à la Première Guerre  mondiale. Il en sort indemne et médaillé.

Source : Archives de Paris

Cote : D4R1 1053

François ANDRIEU : il est né en 1875 et à presque 40 ans quand la Grande Guerre débute. Il est soldat de 1ère classe quand il finit son service militaire en septembre 1899 avec un certificat de bonne conduite. Ce grand jeune homme d'1,74 m est cultivateur dans le civil. En 1914, il bénéficie d'un sursis jusqu'en octobre 1916. Il rentre au service en janvier 1917 dans l'escadron du train jusqu'en décembre 1918. La situation n'a donc pas été trop difficile pour lui en comparaison de ses pairs.

J'ai évoqué les petits enfants de Jean GROCQ et de Jeanne DUTEN, mais essentiellement le fils de Pierre "Rémy" GROCQ, Jean-Baptiste (à ne pas confondre avec son oncle) qui a perdu sa jambe dans le conflit ; mais Pierre "Rémy", ses frères et sœurs ont des filles qui se sont mariés avec des conjoints ayant participé à la Première Guerre mondiale. J'en profiterai pour voir un peu les filiations de chacun.