Mise à jour : août 2021
Martial GOURDON et Clémence MATIGNÉ sont les parents de mon arrière grand-père maternel, Marcel GOURDON, lui-même père d'Yvonne GOURDON, ma grand-mère maternelle. Né en Charente-Maritime, Marcel GOUDON épousa, à Bordeaux, Julie PERRIAT, native des Basses-Pyrénées (aujourd'hui Pyrénées-Atlantiques).
Petit arbre généalogique
Martial GOURDON est né à Tanzac le 1er juillet 1836, une commune de Charente-Martime, située au Sud de Saintes et au Sud-Ouest de Cognac. Il
est le fils d'un couple de cultivateurs, Jean GOURDON, né à Mazerolles, commune limitrophe de Tanzac, en 1790 et Marguerite LORENCEAU, née à Tanzac en 1798.
Marié en 1817 à Tanzac, le couple a eu neuf enfants (en l'état de mes recherches). Martial est le huitième enfant du couple.
Le déclarant de la naissance est le grand-père maternel, Pierre LORENCEAU auquel on donne l'âge de 68 ans. Un des deux témoins est également un parent, Jean LORENCEAU, 37 ans (mais je ne l'ai pas encore identifié). Tous les deux sont cultivateurs et tous les deux signent (de même que le dernier témoin, Jean AUBERT, également cultivateur).
Il naît au domicile de ses parents, dans un lieu-dit (un "village" comme on le dit sur place) appelé Maine au Gémon ou Maine Augemon. Il est situé au Sud du Bourg (le "bourg" est le centre de la commune qui comprend l'église, la mairie et éventuellement quelques commerces).
Extrait du cadastre Napoléon de 1827 de la commune de Tanzac
Cote : 3P5310/01
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
Extrait de Google Map (2021)
On peut noter que le coin n'a pas foncièrement changé en presque deux cent ans.
Que peut-on savoir concernant Martial GOURDON entre sa naissance à Tanzac en 1836 et son mariage en 1862 ? Pas grand-chose. Nous n'avons pas de fiche matricule à son nom ; c'est bien dommage car elles sont riches d'informations. Mais elles ne sont mises en place qu'à partir de 1857 et Martial a eu 20 ans en 1856. Les recensements, sources intéressantes d'informations, ne sont disponibles qu'à partir de 1851 (et l'année mise en ligne ensuite est celle de 1896). Une grande partie de son enfance nous échappe donc.
En 1851, Martial a 25 ans. Si l'on en croit les recensements de population de 1851, Il ne vit plus avec ses parents, journaliers à Tanzac (avec son plus jeune frère et une de ses sœurs, lingère) ; et il ne vit pas encore à Echebrune où il réside au moment de son mariage en 1862. Par acquis de conscience, j'ai également vérifié dans la commune de Biron où vit sa future épouse. Là non plus, rien.
Un peu plus jeune que son futur époux, Clémence voit le jour (si l'on peut dire ; dans son cas, l'expression est malheureuse comme on va s'en apercevoir plus loin) dans la commune de Biron, en Charente-Maritime le 22 avril 1841, au lieu-dit La Brande. C'est son père, Nicollas (avec deux "l" dans l'acte) MATIGNÉ, âgé de 33 ans, qui déclare la naissance le jour même. Le bébé est né à deux heures du matin. Sa mère s'appelle Henriette BRUNG ; elle a 21 ans. Ils se sont mariés en février 1840, soit un peu plus d'un an auparavant. Clémence est leur premier enfant. Mais c'est également leur dernier : Henriette BRUNG décède à 23 ans, laissant la petite Clémence orpheline de mère. Le décès a lieu à Biron, dans le lieu dit "Chez Gauthier", à l'ouest du bourg de la commune.
Extrait du cadastre napoléonien 1813, commune de Biron (section BU, 3P5220/05).
Source : Archives départementales de Charente Maritime.
On peut voir que le lieu-dit ou le hameau Chez Gauthier est situé à l'ouest du bourg de Biron.
Cherchant d'autres informations sur les MATIGNÉ et les BRUNG de Biron, j'ai regardé les recensements de la commune. Le plus ancien date de 1851. Clémence a 10 ans. Sa maman est décédée et
son père, Nicolas MATIGNÉ vit avec sa nouvelle épouse, Marguerite BOUCHET. Il s'est remarié en 1844, en octobre, dans la commune de Chadenac. Il a 36 ans et sa
seconde épouse, Marguerite BOUCHET, en a 43. Elle ne sait pas signer, tout comme la mère de Nicolas MATIGNÉ, présente au mariage et qui s'appelle
Marie-Anne GIRARD. Le père de Nicolas , lui, ai déjà décédé.
Notons que le patronyme MATIGNÉ varie selon les actes : MATIGNÉ sur l'acte de naissance de Clémence, et c'est également ainsi que signe Nicolas sur ce même acte. L'orthographe était identique sur les actes de ses deux mariages. Cependant, c'était MATIGNIÉ sur l'acte de naissance de Nicolas. Et enfin, c'est MATINIER sur son acte de décès en 1872. Mais fermons la parenthèse, puisque nous parlons ici de sa fille Clémence.
Extrait du recensement de Biron de 1851.
Source : Archives départementales des Charentes Maritimes.
Cote : 8 M 2/5
On voit ici que Nicolas MATIGNÉ est voisin de son ancienne belle-famille ; Pierre BRUNG et Magdelaine (sic) RIGAUD sont les parents de la première épouse de Nicolas, décédée en 1843, Henriette BRUNG, mère de Clémence qui reste visiblement fille unique ; Nicolas n'a pas eu d'enfant avec sa nouvelle épouse, Marguerite BOUCHET qui avait déjà 43 ans au moment de son mariage, je le rappelle. Ils sont "cultivateurs journaliers", c'est-à-dire qu'ils n'exploitent pas leur propre terre.
Chez les BRUNG-RIGAUD, le fils Jean (frère d'Henriette BRUNG, maman de Clémence) et son épouse Marie sont également journaliers. À 63 ans, Magdelaine RIGAUD, la mère, est marchande de moules (n'oublions pas la proximité de la mer). Aucune activité n'est mentionnée pour le père, Pierre BRUNG.
Le recensement de 1851, dont j'ai proposé un extrait ci-dessus, présente la particularité de proposer des informations (en tout cas, les rubriques sont présentes et donc le recueil d'informations est possible) concernant les "maladies et infirmités apparentes". Découvrons le document :
Extrait du recensement de Biron de 1851.
Source : Archives départementales des Charentes Maritimes.
Cote : 8 M 2/5
Il y a deux catégories (24 et 25) pour les situations de handicap visuel (aveugles et borgnes) et une seule catégorie (26) pour les sourds et muets (deux problèmes qui vont souvent de pair) ; deux catégories "aliénés" (26 et 27, selon que la personne habite dans la famille ou en établissement). enfin, diverses infirmités :
- 29 : goitre
- 30 : déviation de la colonne vertébrale
- 31 : perte d'un bras
- 32 : perte d'une jambe
- 33 : pieds bots
Et enfin une catégorie fourre-tout (34)...
Biron compte quatre-cent-cinquante et un habitants si l'on en croit le recensement de 1851. Sur ce nombre, quinze souffrent d'une infirmité. On compte deux aveugles, quatre borgnes, deux sourds qui ne sont pas muets et un sourd-muet, deux ayant un pied bot et enfin quatre boiteux.
Parmi les deux aveugles, la jeune Clémence MATIGNÉ, âgée de 10 ans. Ce handicap ne l'a donc pas empêché de se marier avec Martial GOURDON, onze ans plus tard, et d'avoir trois enfants avec lui. Mais à la suite du décès précoce de son époux, sa vie n'a pas du être facile. Et son enfance n'a pas du l'être non plus. Mais, de fait, je n'en sais rien. Peut-être mon jugement est-il biaisé par ma condition de voyant. Je ne sais pas non plus si elle était aveugle de naissance.
Martial GOURDON et Clémence MATIGNÉ se marient le jeudi 22 novembre 1862. Il a 26 ans et elle en a 21. Ils ont fait rédiger un contrat de mariage le 21 octobre chez maître Chaumars, notaire à Pons. Les bans ont été publiés à Biron, commune de l'épouse et à Echebrune où réside Martial, au lieu-dit "Figers" ; les deux communes sont d'ailleurs limitrophes. Les témoins sont tous de Biron, trois demeurant "Chez Gauthier" (un instituteur et deux cultivateurs) et un habitant au lieu dit "La Font des Noyers". Les parents de Martial, Jean GOURDON et Marguerite LORENCEAU, sont présents et consentants de même que Nicolas MATIGNÉ, le père de la mariée. La maman de Clémence, Henriette BRUNG, est, elle, absente (on l'a vu, elle a trouvé la mort deux ans après la naissance de Clémence, en 1843).
Notons que ni le marié, ni ses parents ne savent signer. Clémence non plus, mais elle est aveugle. Nicolas MATIGNÉ, on l'a déjà
relevé, sait signer, même si son écriture, grosse et tremblante, témoigne d'une pratique sans doute peu courante.
C'est à Biron, au lieu dit Chez Gauthier, où vivent Nicolas MATIGNÉ et sa seconde épouse et les grands-parents maternels de Clémence, que s'installe le jeune couple. C'est une région viticole et il y a de très fortes chances pour que ce soit la production principale de Martial GOURDON et de son beau-père Nicolas MATIGNÉ. Indice supplémentaire de cette activité viticole, Marcel GOURDON, fils de Martial et petit-fils de Nicolas MATIGNÉ, devient employé de chai.
Les enfants donc. Martial GOURDON et Clémence MATIGNÉ en ont trois :
Et c'est tout car Martial meurt l'année suivante, le 23 août 1869, laissant (involontairement bien
entendu) Clémence veuve avec trois enfants en bas âge (6 ans, 2 ans et 1 an) aux bons soins (on l'espère
en tout cas) du père de cette dernière et de sa marâtre (sans sens péjoratif). Il avait 33 ans. De quoi meurt-il ? Mystère.
Les trois actes de naissance ne nous apprennent pas grand chose : les enfants naissent tous au domicile des parents, à Biron, au lieu dit Chez Gauthier. Clémence n'a pas de profession (du moins déclarée dans l'acte) et Martial est toujours désigné comme cultivateur. La naissance de l'aîné des enfants (Marcel, mon arrière grand-père) est déclarée par le grand-père, Nicolas MATIGNÉ, les deux suivantes par le père, Martial GOURDON.
Acte de décès de Martial GOURDON
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
C'est en 1878, soit près de dix ans après le décès de son mari, Martial GOURDON, que Clémence MATIGNÉ se remarie. Son nouvel époux est un célibataire (pas un veuf) de 48 ans, vivant à Biron, mais né à Languidic dans le Morbihan, qui répond au nom de Louis CAILLOSSE. Clémence est encore relativement jeune : 37 ans. Ses deux parents sont décédés au moment de son second mariage. L'absence de recensement disponible entre 1851 et 1896 m'empêche de savoir où et avec qui elle vivait exactement dans la commune de Biron, ni de quoi elle vivait. Ses trois premiers enfants ont entre 15 et 10 ans.
Avec Louis CAILLOSSE, Clémence à deux enfants : Louise en 1878 et Léa Ernestine en 1881. Notons que Louise nait au mois d'août et que Clémence s'est marié en juillet. Je laisse le lecteur en tirer la conclusion logique. L'acte de mariage ne précise pas les métiers des deux époux. À la naissance de Louise, l'acte mentionne que Clémence n'a pas de profession et que son époux est cultivateur. L'acte de naissance de Léa, trois ans plus tard, signale que Clémence est journalière et Louis terrassier.
En 1896, Louis CAILLOSSE et Clémence MATIGNÉ habitent toujours à Biron mais leurs enfants ne sont plus avec eux. Ils sont tous les deux journaliers.
Extrait du recensement de Biron de 1896
Source : Archives départementales des Charentes Maritimes
C'est en 1903, le 10 juin à 9h, que décède Clémence MATIGNÉ. Le décès est déclaré par un propriétaire vigneron "voisin et ami", Jérémie POTUT et un cultivateur vigneron (sans doute son frère), Gabriel POTUT, âgés respectivement de 29 et 21 ans. Ils vivent au lieu dit La Brande. Clémence, elle, habite Chez Gauthier. Louis CAILLOSSE est toujours vivant. On donne à Clémence l'âge de 62 ans, ce qui est exact. Notons que son patronyme est orthographié MATIGNIÉ.
Je n'ai pas trouvé l'acte de décès de Louis CAILLOSSE. Il n'apparait pas dans les actes de décès de Biron, disponible jusqu'en 1921. Soit il est encore vivant (ce qui est possible ; il aurait un peu plus de 90 ans), soit il a quitté la commune et est mort ailleurs. La seconde hypothèse doit être juste car trois ans après le décès de son épouse, il n'habite plus Biron si l'on en croit le recensement de la commune en 1906.
Acte de décès de Clémence MATIGNÉ
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
Comme nous l'avons vu plus haut, Clémence MATIGNÉ a eu cinq enfants, trois avec son premier mari, Martial GOURDON (dont mon ancêtre Marcel) et deux avec son second époux, Louis CAILLOSSE. Donc, dans l'ordre :
Que deviennent-ils ? J'avoue que mes recherches n'ont pas donné de résultats exceptionnels. Je n'ai que quelques pistes éparses.
Marcel GOURDON est l’ainé des enfants de Clémence MATIGNÉ et de Martial GOURDON. Il quitte la Charente-Maritime pour s'installer à Bordeaux comme employé de chai. Il se marie avec Julie PERRIAT, originaire d'Orthez, avec qui il a cinq enfants, dont ma grand-mère maternelle Yvonne GOURDON. Il meurt à 47 ans, en 1910.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la page qui est consacrée à Marcel GOURDON et à Julie PERRIAT.
Nous savons déjà qu'Émile GOURDON est né à Biron le 4 mars 1866, deuxième enfant et deuxième fils de Martial GOURDON et Clémence MATIGNÉ. Cela pourrait être à peu près tout mais, heureusement, grâce à sa fiche matricule, nous avons quelques renseignements supplémentaires. Déjà, un signalement physique et un niveau d'instruction :
Extrait de la fiche matricule d'Émile GOURDON
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
Il est plus ou moins dans la moyenne de l'époque pour la taille et son instruction est correcte dans la mesure où il sait lire et écrire bien que ne faisant pas partie des Français qui ont bénéficié des lois scolaires concernant l'école gratuite, obligatoire et laïque. Il a déjà 15 ans quand sont votées les Lois Ferry.
Sa fiche matricule nous apprend également qu'à l'âge de 20 ans il est cultivateur et habite à Biron. Il est dispensé de conscription car son frère (Marcel, mon arrière grand-père) est déjà sous les drapeaux. Il fait ses périodes de réserve dans l'infanterie (dans le 6e régiment) en 1887 et 1890. Il ne fait pas de période de réserve entre 1893 et 1895 car il est poseur aux chemins de fer de l'État et il est donc considéré comme "non disponible".
Il déménage à de nombreuses reprises, mais toujours à Charentes maritimes.
Extrait de la fiche matricule d'Émile GOURDON
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
Entre-temps, Émile GOURDON s'est marié dans la commune de Saint-Seurin-de-Palenne, petite commune située au nord de Pons. Nous sommes en 1890. Il a 24 ans et il est domestique (ce qui signifie sans doute qu'il est ouvrier agricole vivant chez son employeur). Sa mère est présente lors du mariage. Son épouse, Anaïs GAGNIÈRE est jeune : 17 ans. Elle vit avec ses parents cultivateurs à Saint-Seurin-de-Palenne, Joseph GAGNIÈRE et Clémentine GILLON, et elle est qualifiée de cultivatrice. Sur quatre témoins, trois sont des oncles de l'épouse, deux de la branche paternelle et un de la branche maternelle. Côté GAGNIÉRE, l'un est marchand de chevaux et l'autre maître d'hôtel, tous les deux habitant Saintes ; côté GILLON (patronyme de la mère), on a un tonnelier de Cognac. Tout le monde signe à l'exception des deux mères.
Ils ont deux enfants (au moins car je ne suis pas sûr de les avoir tous trouvés) : une fille en 1895, Marie Émilienne Augustine et un garçon en 1900, René. Ils naissent dans des communes différentes, sans doute en raison du métier d'Émile, qui travaille pour le chemin de fer comme poseur, ce qui doit impliquer des déménagement. C'est grâce aux recensements de la commune de Saint-Seurin-de-Palenne de 1906 et de 1911 que j'ai pu retrouver les lieux de naissances des deux enfants du couple. Avec les lieux de naissances, nous obtenons les actes et avec les actes, nous obtenons des renseignements sur les parents.
Extrait du recensement de Saint-Seurin-de-Palenne de 1906
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
Marie Émilienne Augustine naît à Bussac-Forêt. Le recensement indiquait seulement Bussac et celui de 1911 précisait Bussac en Gironde. Mais il n'y a pas de Bussac en Gironde. J'ai vérifié à Lussac mais pas d'acte au nom de Marie Émilienne Augustine GOURDON dans le registre des naissances de 1895. Il y a aussi un Bussac en Dordogne. Enfin, il y a Bussac-sur-Charente et Bussac-Forêt en Charente-Maritime. Comme souvent, c'est dans le dernier consulté que j'ai trouvé. La petite Augustine, puisque c'est sous ce prénom qu'elle semble répondre, est née le 19 février 1895. C'est son père, Émile GOURDON, qui déclare sa naissance à 8 heures du matin, quatre heures après la naissance de l'enfant. Émile et son épouse Anaïs GAGNIÈRE travaillent tous les deux pour la Compagnie des chemins de fer des Charentes. Anaïs est garde-barrière. Bussac-Forêt est une petite gare mais elle était accompagnée de grandes halles à marchandises ; de la gare étaient redistribués poteaux destinés aux mines, en particulier du Nord, mais d'ailleurs également.
Gare de Bussac-Forêt
Source : Geneanet
En 1900, Anaïs accouche de son deuxième enfant, un garçon prénommé René. Son mari Émile travaille toujours à la Compagnie des chemins de fer des Charentes ; elle est redevenue tailleuse (c'est-à-dire couturière). Ils habitent à cette date dans la commune de Saint-Savinien, toujours en Charente-Maritime dans un lieu-dit (ou quartier) appelé La Barrière de Coulonge. Peut-être qu'Émile est devenu garde-barrière à son tour.
La maison du garde-barrière, à Saint-Savinien, au lieu-dit Coulonge. Émile et Anaïs y habitaient vraisemblablement en 1900 avec leur deux enfants.
Source :
http://www.valsdesaintonge-sig.org/data/data/document/patrimoine/st_savinien/IA17003792_fiche.html
Consulté le 24 août 2021
Le décès, c'est celui d'Anaïs GAGNIÈRE en 1911. Elle avait 37 ans. Sur son acte de décès, on la nomme Anaïsse GANIÈRE. Son prénom s'est allongé et son patronyme a perdu la lettre "G". Lors de son mariage, elle et ses oncles ont bien signés "GAGNIÈRE" (image de gauche) ; mais son frère Aimé, qui signe l'acte de décès, étant un des deux déclarants, signe "GANIÈRE" (image de droite).
Mais surtout, détail très important, l'acte de décès la déclare divorcée d'Émile GOURDON. Ci-dessous, l'extrait de l'acte de décès qui mentionne le divorce :
Extrait de l'acte de décès d'Anaïs GAGNIÈRE
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
Elle décède dans sa commune de naissance, Saint-Seurin-de-Palenne, où vivent ses parents (ou du moins sa mère, son père étant décédé) et son frère. Cela explique, à postériori, sa présence dans cette commune lors du recensement de 1906, sans son mari mais avec ses deux enfants, et étant déclarée "chef" de famille. Le divorce a donc eu lieu entre la naissance de René en 1900 et le début de l'année 1906. J'ai fait un développement sur le divorce en France dans cette page.
Pas de divorce par consentement mutuel à cette époque. La loi du 27 juillet 1884 ou loi Naquet (du nom du député Alfred NAQUET) ne retient que trois motifs au divorce : - excès, sévices et injures graves ; - peine infamante ; - adultère (qui vaut une peine de prison à l'épouse et simplement une amende au mari).
N'ayant pas trouvé de peine "infamante" dans la fiche matricule d'Émile ni d'amende pour adultère, je pense qu'il était peut-être un mari (un père ?) violent, verbalement ou physiquement. Mais il faudrait que j'ai accès au jugement de divorce : sans les sources, je ne fais que de vaines suppositions. Les jugements sont accessibles aux Archives départementales de Charente-Maritime à la Rochelle. Mais ce n'est pas facile de s'y rendre depuis le Pas-de-Calais...
En 1911, les deux enfants, Marie Émilienne Augustine et René, vivent avec leur grand-mère maternelle, Fleurantine ou Florantine GUILLON (cela varie selon les actes). Ils ont 16 ans pour Augustine et 11 pour René. Je ne sais pas ce que devient Augustine. Je n'ai pas trouvé d'actes de décès ou de mariage. En 1921, d'après le recensement de la commune de Saint-Seurin-de-Palenne, elle n'habite plus avec sa grand-mère, toujours vivante et cultivatrice. Pour René, on a plus de renseignements grâce à sa fiche matricule.
Que devient Émile GOURDON ? Se remarie-il ? Quand décède-t-il ? Là encore, aucune idée.
René à moins de six ans quand ses parents divorcent et que son père, à priori, sort de sa vie. Il a 10 ans quand sa mère décède. Il est désormais élevé par sa grand-mère, veuve et âgée de presque 60 ans. Ce ne sont pas des excuses à son comportement mais le contexte permettant de comprendre son parcours.
Nous n'avons pas de description physique de René GOURDON sur sa fiche matricule. Lors du conseil de révision, il est absent. Le 13 décembre 1920, il est déclaré insoumis et transféré à la prison militaire de la région (sans doute celle de Limoges) le 14 janvier 1921. Cependant, il obtient un non-lieu et il est finalement incorporé. Mais du fait de ses antécédents judiciaires, il est affecté au 4ème BILA (bataillon d'infanterie légère d'Afrique). Ces bataillons sont créés par ordonnance royale pour les deux premiers en 1832, rejoint par un troisième en 1834 ; puis en 1889, la loi permet la création d'un quatrième et d'un cinquième bataillon d'infanterie légère d'Afrique. Ces compagnies avaient pour vocation d'accueillir les conscrits qui avaient fait de la correctionnelle dans le civil ou des soldats sortant des compagnies disciplinaires.
Quels sont les antécédents judiciaires de René GOURDON ? Il cumule entre 1918 et 1920 trois peines de prison : 8 jours, 13 mois et de nouveau 8 jours. Et il n'a que 20 ans.
Extrait de la fiche matricule de René GOURDON
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
À peine un mois après son arrivée en Tunisie, il est de nouveau condamné. Malheureusement, il semble manquer un morceau de papier sur sa fiche matricule. On voit la zone où était collée l'élément rajouté. Bref, on sait que le Conseil de Tunis le condamne mais on ne sait pas pour quel motif. Il part pour le pénitencier militaire de Téboursouk, toujours en Tunisie. Qui dit pénitencier dit peine de prison de plus d'un an ; pour des peines de moins d'un an, c'était une détention en prison militaire. Pour les peines de deux à dix ans, il existait également les "ateliers de travaux publics", équivalent des bagnes et des travaux forcés. Celui de Téboursouk était mixte et combinait pénitencier et ateliers. Il reste emprisonné du 8 avril 1921 au 24 août 1922. Il est ensuite affecté au 1er BILA au Maroc. Il n'y est incorporé que le 18 septembre 1922 et arrive dans son corps de chasseurs le 11 octobre. Est-ce la fin de ses ennuis ? Sans doute, mais pas de la façon la plus agréable qui soit. Le 28 octobre 1922, il meurt à l'hôpital d'une péritonite. Il n'avait pas encore 22 ans.
Extrait de la fiche matricule de René GOURDON
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
Hôpital Rollin à Taourirt, Maroc
Source : Geneanet
Quelle mouche a piqué les parents de choisir un tel prénom ? Espésie... À priori, il est totalement inventé ou correspond à un prénom entendu mais mal compris ou mal orthographié. Au moment de son mariage, l'acte lui attribue le prénom d'Espasie. Qui n'existe pas plus. Au mieux, on trouve une Aspasie, compagne de Périclès, ayant vécu entre 470 avant J.C. et 400 avant J.C.
Espésie Rose a tout juste dépassé l'âge d'un an quand son père, Martial GOURDON, décède en août 1869. Elle vit donc avec ses deux frères plus âgés, Marcel, 6 ans, Émile, 3 ans et sa mère aveugle, Clémence MATIGNÉ. Je ne sais rien de son enfance
Elle se marie à l'âge de 20 ans dans sa commune natale de Biron. Nous sommes le 7 mai 1890. Son époux, Antoine Jean DABIN, est un veuf de 52 ans, soit 30 ans de plus qu'Espésie. Il est originaire de la commune d'Echebrune et vit à Bougneau, au Nord-Est de Pons. Echebrune, Bougneau et Biron sont trois communes limitrophes. L'acte de mariage ne précise pas le métier d'Antoine DABIN. Les témoins sont tous de Biron, tous des voisins et amis de la jeune Espésie Rose. Trois sont de la même famille : Eugène, Edmond et Adolphe AUBERT, tous habitant le lieu-dit Chez Gautier, comme la mariée. On peut noter qu'Espésie Rose, contrairement à ses deux frères, ne sait pas écrire.
En 1896, comme l'atteste le recensement de la commune de Bougneau, elle vit avec son mari et sans enfant. Les deux enfants qu'elle a avec son époux arrivent plus tard, deux filles qui naissent en 1899 et 1902. C'est d'abord Laurencia qui naît au domicile de ses parents à Bougneau, au lieux du Peux. En 1902, Espésie vit toujours à Bougneau, mais elle accouche chez sa mère, Clémence MATIGNÉ, à Biron, au lieu dit Chez Gautier. Son parâtre, Louis CAILLOSSE, est faussement désigné comme son oncle (ou comme l'oncle de la fillette, l'acte n'est pas clair). Mais dans les deux cas, c'est une erreur. La deuxième fille du couple est prénommée Lucienne.
Je ne sais pas grand chose sur ces deux enfants ; et je ne sais plus grand-chose sur leurs parents. En 1906, les fillettes, âgés de 8 et 4 ans, vivent à Echebrune, chez un couple. Mais plus de traces des parents, ni à Bougneau où ils vivaient, pas plus qu'à Echebrune ou à Biron. J'ai pensé à un décès d'Antoine Jean DABIN, obligeant éventuellement Espésie à quitter Bougneau pour trouver du travail ailleurs, mais je n'ai pas trouvé d'acte de décès à son nom dans les différentes communes citées. Pourquoi les petites ont été placées ? Où sont passées les parents ? Mystère... En 1911, on ne les retrouve pas à Echebrune.
- Laurencia, l'ainée, décède à Bordeaux le 26 juillet 1980, à l'âge de 81 ans ; sa date de décès figure en mention marginale de son acte de naissance.
- Pour Lucienne, la cadette, une date figure en mention marginale de son acte de naissance, le 13 février 1984. Je ne sais pas à quoi correspond cette date qui est précédée d'un R. C. et des chiffres 84/57.
Quelques recherches sur Internet permettent de répondre à ma question : cela signifie Répertoire Civil. Il faut en demander le contenu au tribunal d'instance du lieu de naissance. Cela peut s'agir d'une modification du régime matrimonial ou une mesure de protection d'un incapable majeur (de type curatelle, tutelle, etc.).
Un fichier de l'INSEE précise que son décès a lieu à Pessac le 25 août 1984. Elle avait 81 ans.
Extrait du recensement de la commune d'Echebrune pour l'année 1906.
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
Laurencia (7 ans) et Lucienne (4 ans) vivent avec Adrien BÂTE et son épouse Adèle MAURET.
Une dizaine d'années après le décès de son époux Martial GOURDON, nous avons vu que Clémence MATIGNÉ se remarie avec un dénommé Louis CAILLOSSE avec qui elle a deux enfants, deux filles, Louise en 1878 et Léa Ernestine en 1881. J'ai regroupé les deux filles de Clémence sous le même chapitre car en fait, je ne sais quasiment rien sur elles.
Nous avons vu plus haut qu'en 1896, alors que Louise et Léa sont âgées de 18 et 15 ans, elles ne vivent pas avec leur parent à Biron (il n'y a pas de recensement disponible avant en dehors de l'année 1851). C'est grâce au site Filae que j'ai retrouvé leurs traces. Le site a indexé certains recensements pour l'année 1906. Les deux jeunes filles, en 1906, sont employées comme domestiques dans la commune de Chadenac en Charente-Maritime, au sud de Biron. J'ai donc cherché en 1896 et, déjà, Louise CAILLOSSE était employée comme domestique. Âgée de 18 ans, on lui en donne 16 dans le recensement. Pas de trace à Chadenac, en revanche, de Léa qui y vit en 1906. Je ne sais pas où elle se trouve en 1896.
Extrait du recensement de la commune de Chadenac pour l'année 1896.
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
On pourra observer que le couple BIBARD-DELAGE a un enfant et quatre domestiques.
Extrait du recensement de la commune de Chadenac pour l'année 1906.
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
Toujours domestique, Louise a changé d'employeur. On ne relève plus l'âge mais l'année de naissance. Elle n'est cependant pas correcte, car on la déclare née en 1879 alors qu'elle est née en 1878. L'erreur n'est pas énorme.
Extrait du recensement de la commune de Chadenac pour l'année 1906.
Source : Archives départementales de Charente-Maritime
En 1906, comme nous l'avons dit, Léa Ernestine CAILLOSSE est, comme sa sœur, domestique. Son employeur, Armand ROUX, en emploie quatre.
Je n'ai plus aucune information sur Louise et Léa CAILLOSSE après 1906 où elles sont âgée de 28 et 25 ans.
CONCLUSION
Il reste encore beaucoup d'inconnus dans le devenir des enfants de Martial GOURDON et de Clémence MATIGNÉ et des enfants que cette dernière a eu avec son second mari Louis CAILLOSSE. Comme pour de nombreuses personnes de cette époque, la possibilité, avec l'essor du chemin de fer et le développement de l'industrie et de l'urbanisation, de quitter son département d'origine et le milieu professionnel de sa famille, pour espérer une vie meilleure, entraîne un éparpillement géographique qui rend difficile les recherches généalogiques. Restons optimiste : avec le temps, les questions qui restent posées auront sans doute une réponse.