Mise à jour en mai 2021
Antoine DUTEN et Jeanne HAURET sont tous les deux nés dans la commune de Saint-Geours-de-Maremne. Antoine est le cinquième enfant (sur sept) de Pierre DUTEN et de Jeanne HOSSELEYRE. Il est né en 1873. Je ne sais pas grand-chose de lui ; mon père m'a toujours dit qu'on le surnommait "Jeanti" ce qui a été confirmé par les recensements. Il a 20 ans en 1893 mais je n'ai trouvé aucune fiche matricule à son nom. Comme garçon aîné d'une famille d'au moins sept enfants (avant lui, ses parents n'ont eu que des filles), il a sans doute du être dispensé de service militaire ; cependant, il devrait malgré tout avoir sa fiche, dressée lors du conseil de révision. Mes recherches dans les tables des registres matricules des Landes et des Pyrénées-Atlantiques n'ont rien donné, ni pour lui ni pour le seul autre garçon de la famille, son jeune frère Marcellin, née en 1879.
En 1891, à 18 ans, il ne vit pas au domicile de ses parents et je n'ai aucune idée du lieu où il peut être. Cinq ans plus tard, lors du recensement de 1896, il est de retour dans la métairie familiale et est qualifié de cultivateur. Il se marie en 1900, à l'âge de 26 ans.
Jeanne HAURET est la dernière fille de Jean-Ciprien HAURET et de Jeanne BARON. Si Antoine est fils d'agriculteurs, le père de Jeanne est ouvrier, employé par la Compagnie des chemins de fer du Midi, comme terrassier. Elle est de 1867 et a donc six ans de plus que son futur époux.
En 1889, a 21 ans, elle a eu un fils, Georges HAURET, dont le père est un dénommé Lucien MANSAN. Mais elle est fille-mère car si le père est nommé, il ne reconnait pas Georges. Elle a un autre enfant qui est mort-né en juin 1899 ; cette fois, le père n'est pas nommé. C'est un an avant son mariage en juin 1900.
En 1900, le jeudi 28 juin à 21h, Antoine DUTEN épouse Jeanne HAURET, ouvrière. Il a 26 ans, elle en a 32. Si les parents de Jeanne sont décédés, ceux d'Antoine sont présents. Au moment du mariage, Antoine est désormais sandalier. Jeanne est couturière. Elle vit dans la maison que ses parents habitaient avant leur décès, la maison du Petit Bicq (pas toute la maison, juste une partie) avec son fils naturel, Georges dit Maurice.
La maison du Petit Bicq (parfois orthographiée Vicq), le v et le b, en gascon, se prononçant de la même façon.
Extrait du recensement de Saint-Geours-de-Maremne en 1896.
C'est dans cette maison que sont nés les deux enfants naturels de Jeanne "Marie" HAURET. En 1894, Jean-Ciprien HAURET, le père de Jeanne, y est mort, de même que son épouse, Jeanne BARON, en 1895. C'est entre 1863 ou 1864 que la famille HAURET-BARON s'installe dans la maison du Petit Bicq d'après les informations des actes de naissances de leurs enfants qui précisent le lieu de l'accouchement.
Cette maison a été détruite un peu avant le décès de sa dernière locataire, Jeanne "Fernande" DUTEN épouse et veuve LEÏÇARRAGUE, ma grande-tante, fille de Jeanne "Marie" HAURET. Mon père en était désolé car il disait que c'était la plus vieille maison de la commune. Je n'ai pas les moyens de vérifier cette affirmation mais il est vrai que sur le cadastre de 1832, réalisé par le géomètre Espéron, conservé aux Archives départementales des Landes sous la cote E DEPOT 261/1 G 1, la maison est indiquée. Je montre ci-dessous un extrait de la section L, dite du Bourg (c'est-à-dire le centre du village). On peut y voir l'église fortifiée, au centre, au carrefour routier et à l'Est, la maison Petit Bicq.
Le village était assez étendu et comptait environ 1400 habitants dans les années 1830. Dax, qui a fait un temps figure de favori pour être le chef-lieu du département des Landes, avant de se voir préférer Mont-de-Marsan, en comptait 4700 à la même époque et 4000 pour Mont-de-Marsan. Le cours d'eau porte le nom de Fontaine dous lious (Fontaine du lieu en patois il me semble) ; aujourd'hui, c'est le Ruisseau du Moulin neuf. À l'angle du ruisseau et de la route , il y avait un lavoir qui, quand j'étais petit, ne servait plus. Il figure déjà sur la carte en 1832. Ce fut un terrain de jeu formidable ! Il y avait encore les planches à laver, des libellules... Les années 1970 avaient ceci d'agréable, c'est que les adultes nous laissaient très libres. Mais revenons à la maison du Petit Bicq. D'un point de vue étymologique, Bicq, Vicq, Vic viendrait du latin vicus, qui signifie bourg ou bourg fortifié, mais aussi village, localité, quartier, domaine, propriété foncière...
Extrait du recensement de Saint-Geours-de-Maremne en 1901.
Antoine DUTEN s'installe au Petit Bicq après son mariage en 1900, la maison où vivait son épouse, Jeanne HAURET et le fils naturel de celle-ci, George HAURET mais que l'on appelait Maurice. Ils n'étaient pas propriétaires.
Naissent successivement deux petites filles, Jeanne dite Fernande en 1901 et Maria dite Jeanne, ma grand-mère, en 1904. Antoine est surnommé Jean ou Jeanti dans certains recensements comme on le voit ci-dessus. Tout comme on peut voir que Jeanne HAURET est surnommé Marie et que son fils George est appelé Maurice.
Il avait un handicap mais je n'en connais pas le détail. Toutes les photos que j'ai de lui le montre avec le pied droit sans chaussure, entouré d'une grosse chaussette et ne reposant pas sur le sol. Il marche avec une béquille. On a parlé d'un pied-bot, d'un flegmon ou phlegmon. Mais finalement, je n'en sais guère plus. Était-ce de naissance ou pas ? L'absence de sa fiche matricule est vraiment gênante.
Extrait du recensement de Saint-Geours-de-Maremne en 1906.
En 1906, ma grand-mère et sa sœur ont déjà leur "prénom bis", qui n'est pas celui de l'état civil. Rien ne va vraiment changer jusqu'au mariage successif des enfants de la famille. Ils vont rester au Petit Bicq et Antoine reste sandalier pour le compte d'un patron nommé BELLOCQ. On note que George Maurice travaille lui aussi comme sandalier. Sur l'acte, il a 16 ans.
Antoine héberge quelques semaines son père veuf, Pierre DUTEN, qui décède en mars 1917 à l'âge de 80 ans. Sa mère, Jeanne HOSSELEYRE était morte un peu plus tôt, en début d'année, le 2 janvier 1917, dans leur domicile Maison Candaou. Elle avait 77 ans.
Extrait du recensement de Saint-Geours-de-Maremne en 1921.
Les trois enfants de Jeanne "Marie" HAURET.
Antoine DUTEN décède au Petit Bicq en 1935 ; il a 62 ans. Sa veuve, Jeanne HAURET, continue à y vivre avec sa fille Jeanne "Fernande" DUTEN et son petit fils Jean François dit "Jeannot". Jeanne DUTEN s'est mariée avec François LEÏÇARRAGUE en 1922 mais ce dernier meurt le 9 janvier 1925 ; son fils ne naît que quelques mois plus tard, le 11 juin 1925.
Jeanne "Marie" HAURET, c'est Mémé Gueille pour mon père, c'est-à-dire Mémé "Vieille" en patois. Il a vécu longtemps à Saint-Geours-de-Maremne, élevé par une tante, Jeanne LEMBEYE, dite Tantote, propriétaire d'une auberge dans le bourg. Tous les dimanche, il mangeait chez Tatie Fernande, c'est--à-dire Jeanne DUTEN. Pourquoi Fernande ? Je n'en ai aucune idée. Tatie, c'est plus clair puisque c'est sa tante, la sœur de sa mère, Maria DUTEN, que nous appelions Mamie Jeanne (pour quoi Jeanne ? Aucune idée...). Il y mangeait invariablement un poulet rôti. Mémé Gueille était toujours assise près de la cheminée, à faire sécher des piments rouges sur une corde, piments qu'elle émiettait dans son assiette, des piments si forts qu'elle en pleurait. C'est en tout cas l'image qu'il a gardée d'elle. Elle meurt au Bicq en 1957, à l'âge de 89 ans.
Ci-dessous, 2 photos d'Antoine "Jeanti" DUTEN et une de Jeanne "Marie" HAURET.