Étienne BAILLET, père non nommé de Noélie BROUET et ses parents : Bidian BAILLET et Catherine CHAUBET

Rédigé en janvier 2022

Il est très frustrant de ne pas pouvoir remonter certaines lignes généalogiques, non en raison de sa propre incapacité à mener des recherches (ce qui arrive parfois) mais en raison de la mention : "père non nommé" dans les actes de naissances. Il en est ainsi pour mon grand-père paternel, Jean LARRETGÈRE, qui, comme ses deux frères et sa sœur, n'a pas de père identifié. C'est également le cas pour mon grand-père maternel, fils de Noélie BROUET, qui est né André BROUET en 1905. Il fut reconnu plus tard par Louis MURAT dont il porte désormais le nom ; mais Louis MURAT n'était pas son père "naturel". Il se trouvait loin de France avant et pendant la naissance de mon grand-père André.

 

C'est pour cette raison que mettre un nom sur un ancêtre à priori inconnu est particulièrement satisfaisant.

 

Je vais ici expliquer ce qui m'a amené à valider l'hypothèse que ce sieur Étienne BAILLET est bien mon ancêtre. Je l'ai déjà fait sur la page consacrée à Marie BROUET, mon aïeule, mais je vais reprendre ma démonstration avant de parler d'Étienne BAILLET, de sa vie et de sa famille, maintenant que je suis convaincu que c'est également ma famille.

1. Le couple Marie BROUET / Étienne BAILLET

Marie BROUET est la mère de mon arrière grand-mère maternelle, Noélie BROUET, elle-même mère de mon grand-père maternel André BROUET-MURAT.

 

Née à Bordeaux en 1850, Marie BROUET épouse à 21 ans Guillaume SABARIO. Elle a trois enfants avec ce dernier : Françoise, Antoine (appelé Émile par sa famille) et Guillaume. Puis elle devient veuve entre 1879 (date de la naissance de son troisième enfant Guillaume, naissance déclarée par le père de l'enfant, qui est donc encore vivant) et 1881. Pourquoi 1881 ? Au recensement de 1881, elle est retournée vivre, avec son fils Antoine "Émile", chez son père et elle est déclarée "veuve". Je n'ai, hélas, pas trouvé l'acte de décès de son époux malgré une recherche attentive dans les registres des décès de Bordeaux entre 1879 et 1881.

 

En 1882, elle vit à nouveau en couple avec un compagnon, Étienne Auguste BAILLET, né comme elle en 1850 à Bordeaux. Comment puis-je affirmer cela ? C'est simple : Marie BROUET accouche en février 1883 d'un petit Henri Antoine qui est déclaré par son père, Étienne BAILLET. Étienne BAILLET qui est, en novembre 1882, un des témoins au mariage de Jean Eugène BROUET, frère de Marie BROUET. Ce qui indique sa proximité avec la famille de sa compagne. Le petit Henri Antoine décède rapidement, en novembre 1883.

 

Dans les années qui suivent, Marie BROUET a quatre enfants, de père non nommé : en 1885, naissance de Mathilde ; en 1887, c'est la naissance de mon arrière grand-mère, Noélie (mais que tout le monde appelle Madeleine) ; en 1890, naissance de Jean Camille ; enfin, en décembre 1892, naissance de Marie Marguerite.

 

Et je pense, je pourrais même écrire que je suis persuadé qu'Étienne BAILLET est le père "non nommé" de ces quatre enfants. Et cela grâce aux recensements de population.

 

En 1886, Étienne BAILLET vit avec Marie BROUET dans un appartement situé rue Moulinié. Elle est présenté comme Marie "BAYET" née BROUET, femme d'Étienne "BAYET". Avec eux vivent Émile SABARIO (en fait, Antoine) et la petite Mathilde BROUET, qui porte dans le recensement le patronyme de "BAYET", décrite comme "sa fille". Et si l'on analyse correctement le document, le possessif "sa" se rapporte bien à Étienne. Les membres du foyer sont qualifiés en fonction de son statut de "chef de famille" : "sa femme", "sa fille". Il est juste précisé pour Antoine "Émile" SABARIO : "fils de la précédente". Si le qualificatif "sa fille" se rapportait à Marie, on lirait pour Antoine "son fils" (sous-entendu : le fils de Marie).

Autre élément : elle se présente comme "femme mariée" et non pas comme veuve ou comme célibataire.

La conclusion logique est que Mathilde est bien la fille d'Étienne BAILLET.

Recensement de Bordeaux, année 1886, 6ème canton

Source : Archives Bordeaux Métropole

Le recensement est fait en général vers les mois de mai et juin. Nous sommes donc ici au printemps de l'année 1886. Noélie nait en août 1887. C'est un peu plus de 12 mois après le recensement de 1886 donc rien ne permet d'affirmer qu'Étienne BAILLET est toujours en couple avec Marie à ce moment là. Et en 1890, c'est la naissance de Jean Camille. Cependant, je suis persuadé qu'Étienne BAILLET est le père des deux enfants. Encore une fois, c'est grâce au recensement, celui de 1891.

 

Dans ce recensement, les choses sont moins évidentes que pour le précédent. Mais l'essentiel, c'est que Marie BROUET et Étienne BAILLET sont toujours en couple. Cependant, ils ne se présentent plus comme mari et femme bien que vivant dans la même chambre. Chacun s'identifie comme célibataire. Dans les chambres attenantes (ce sont des garnis), on retrouve Mathilde, Noélie et Jean Camille qui porte le matronyme de BROUET (et Antoine SABARIO, ici appelé Émile SAVARIAU). Dans ce recensement, il est regrettable que les personnes ne soient pas identifiées les unes par rapport aux autres. Il est très rarement indiqué que X et le fils ou la fille d'Y. Mais on peut conclure que, si Marie et Étienne vivent toujours ensemble, les probabilités qu'il soit le père de Noélie et de Jean Camille sont très importantes (un extrait de ce recensement est présent sur la page consacrée à Marie BROUET).

 

Autre fait intéressant, bien que peu significatif en soi : l'aspect physique. Je n'ai pas de photos des membres de la famille. Mais une description physique d'Étienne BAILLET est présente dans sa fiche matricule (l'ancien modèle). Description n'est d'ailleurs pas la bonne expression. Je devrais plutôt dire qu'il aurait du y avoir une description pour lui, et, plus tard, pour son fils Jean Camille. mais comble de malchance, tous les champs sont vides. Sauf pour la taille. On devra donc se contenter de ce seul indice.

Extrait ci-dessus de la fiche matricule de Jean Camille BROUET


Source : Archives départementales de Gironde

La taille moyenne des hommes de cette période était inférieure à la notre. mais même pour l'époque, Étienne était petit : 1,56 m. Tout comme Jean Camille, qui atteint 1,57 m. Les frères de Marie, Jean Eugène BROUET et Jules BRIEZ-BROUET mesuraient respectivement 1,66 m et 1,67 m. Et son fils Antoine "Emile" SABARIO faisait 1,64 m. La petite taille d'Étienne et celle de Jean Camille est peut-être une coïncidence. Mais parmi les faisceaux d'indices que j'essaie de rassembler, c'est une (tout petite) pierre à l'édifice pouvant permettre de conclure à un lien de parenté.

Étienne meurt en 1892, le 18 décembre, rue Julie. Et Marie accouche le lendemain d'une petite fille, Marie Marguerite. Étienne est-il le père de Marie Marguerite ? Difficile à dire. Elle naît sans père nommé. Et elle naît au domicile de sa mère, rue Mazagran, qui n'est pas le domicile d'Étienne BAILLET. Cependant, Étienne ne meurt pas dans son domicile mais à l'hôpital Saint-André. Combien de temps y est-il resté ? Mystère. Mais c'est peut-être la raison pour laquelle l'adresse d'Étienne et celle de Marie ne coïncident pas. Marie, sans les revenus de son compagnon, a peut-être du quitter leur domicile commun. Pas de sécurité sociale à l'époque... Mais peut-être le couple était-il séparé. Avant ou après la conception de la petite Marie Marguerite ? Ce serait une triste ironie que Marie Marguerite soit la fille d’Étienne, naissant le lendemain de son décès. Un décès précoce, à seulement 42 ans. Je ne connais pas la cause de sa mort. Cela m'apprendrait-il quelque chose ? Peut-être. Ou peut-être pas. Marie BROUET dépose sa fille Marie Marguerite à l'hospice des enfants ; elle est placée dans une famille rurale en Charente et ne survit que de quelques semaines à sa première année. Pourquoi Marie a-t-elle abandonné son enfant, ce qui ne semble pas être une pratique habituelle pour elle ? Le décès d'Étienne BAILLET, s'ils étaient encore en couple, la laisse seule avec encore quatre enfants à charge, ce qui est beaucoup pour une ouvrière qui fabrique des caisses. Un cinquième enfant est sans doute une charge trop importante surtout pour une femme dans l'obligation de travailler. Si je suis sûr de la paternité d'Étienne BAILLET pour Mathilde, Noélie et Jean Camille, le doute subsiste (en tout cas de façon plus importante) pour la petite Marie Marguerite.

Je ne sais pas si j'ai été convaincant mais, pour ma part, je suis convaincu.

 

Je vais donc vous proposer un rapide tour d'horizon de la vie d'Étienne BAILLET (rapide car je ne sais pas grand chose de plus que ce que j'ai déjà évoqué ci-dessus) et vous parler de ses parents puisque, au final, ce sont mes ancêtres. Et des ancêtres plutôt intéressants.

2. Étienne BAILLET, fils de Bidian BAILLET et de Catherine Victoire CHAUBET, un couple de Bordelais

2.1. Bidian BAILLET, fils de perruquier

C'est le 14 août 1808 que Jean André BAILLET quitte son domicile, le 42 de la rue Fusterie, en compagnie de deux voisins et/ou amis pour se rendre à l'hôtel de ville. Je parle souvent des rues de Bordeaux dans mon site (et sans doute uniquement à destination d'un lectorat bordelais) car j'ai plaisir à imaginer les mêmes bâtiments, les mêmes rues il y a deux siècles. Certes, l'aspect a changé ; je suis parti de Bordeaux au milieu des années 1990 et quand j'y retourne pour quelques jours en été, je suis souvent stupéfait de voir combien tout a changé, aujourd'hui, dans les années 2010 et 2020. Donc, j'imagine Jean André BAILLET, flanqué de ses deux compères, rejoindre ce qui n'est pas encore le Cours Victor Hugo mais les Fossés : en "bas", la rue de la Fusterie rejoint les Fossés de Bourgogne et si on tourne la tête vers le fleuve, à travers la Porte de Bourgogne, pas de pont de pierre : il n'est pas encore construit ; en remontant, entre la rue Leyteire et la rue du Mirail, ce sont les Fossés d'Eloy ; puis, entre le Mirail et la rue Sainte-Catherine (qui ne s'appelait pas la rue Sainte-Catherine, mais la rue Cahernan), les Fossés de l'hôtel de ville. Et ils étaient arrivés car en 1808, l'hôtel de ville se situait en face de ce qui est aujourd'hui le lycée Montaigne.

Plan géométral de la ville de faubourg de Bordeaux, divisé en ses dix paroisses (1800)

Source : BNF/Gallica

Fossés de Bourgogne. Auteur : Auguste Bordes (1803-1868)

Source : Archives Bordeaux Métropole

Et donc, Jean André déclare la naissance de son fils qu'il choisit de prénommer Bidian. Quel étrange prénom... Pour l'idée, il n'a pas du aller chercher bien loin. Un des deux amis qui l'accompagne s'appelle Bidian CAUDERÈS, marchand de farine Mais d'où vient ce prénom ? En fait, il n'existe pas réellement. On trouve (et encore, difficilement) un Saint-Vidian légendaire, qui aurait vécu à l'époque de Charlemagne qui en fit un duc ; ce Vidian serait mort au Sud de Toulouse dans une bataille contre  les Sarrasins. L'église Saint-Vidian de la commune de Martres-Tolosane porte ce nom. Le personnage de Saint-Vidian est souvent assimilé à celui de Saint-Vivien mais peut-être s'agit-il de deux légendes différentes. Peu importe d'ailleurs. Vidian s'est ensuite transformé en Bidian car en gascon, le V se prononce B, comme en espagnol. Cependant, Bidian BAILLET est plutôt appelé Edouard dans sa famille. Une famille qui semble appartenir à ce que l'on pourrait appeler aujourd'hui la petite bourgeoisie.

 

Jean André BAILLET est perruquier. Il ne s'agit pas d'un simple coiffeur ; certes, il coiffe et rase mais confectionne également des perruques, accessoire dont le port s'est généralisé à une grande partie de la société française dans le courant du XVIIIe siècle et qui nécessite des connaissances techniques importantes et de bonnes capacités d'évolution car les modes changent vite dans ce domaine. Es-ce un métier d'avenir en 1808 ? Pas vraiment. Depuis les années 1770, le port de la perruque décline et on porte à nouveau le cheveu nu. Les perruquiers sont le plus souvent des gens qui savent lire et écrire. Ici, dans l'acte de naissance, on remarque que Jean André signe d'une écriture qui semble aisée, courante. C'est également le cas pour les deux témoins. Pourtant à cette période, moins de la moitié des hommes signent leur nom et c'est parfois une des rares choses qu'ils savent écrire.

Acte de naissance de Bidian BAILLET

Source : Archives Bordeaux Métropole

Les différentes fonctions du perruquier.dans  L'art du Perruquier de François-Alexandre-Pierre de GARSAULT (1693-1778).

Source : BNF/Gallica

Bidian est le quatrième enfant de Jean André BAILLET. Ce dernier a 29 ans à la naissance de son quatrième enfant. Jean André, natif de Clairac dans le Lot-et-Garonne, a épousé en 1801, à Bordeaux, une jeune fille qui a presque deux ans de plus que lui : Catherine DUBERNARD (mais dont le patronyme s'écrit parfois DUBERNAD ou DUBERNAT) dont le père était perruquier. "Était" car il est mort dix ans le mariage de sa fille. Comme son mari, Catherine sait lire et écrire, de même que sa mère, Marthe TOURNIER, qui vit désormais avec le jeune couple.

 

Avant Bidian est née la petite Magdeleine Désirée qui ne vit que deux ans. Notons que Magdeleine a vu le jour le 22 juillet 1801 et que le mariage de ses parents dates du 8 juillet 1801. Il était plus qu'urgent que Catherine DUBERNARD se marie !  Suivent Clément (1803), Jeanne Louise Antoinette Éloïse (1805) et donc Bidian en 1808.

 

Catherine DUBERNARD décède l'année suivante, le 30 octobre 1809, à l'âge de 32 ans, à son domicile, au 43, rue de la Fusterie. Jean André se remarie en 1811 avec une dénommée Marie GERAUD, qui a 27 ans (soit quatre de moins que son époux). Ils ont deux enfants ensemble (j'en ai trouvé deux seulement mais j'ai pu omettre des naissances dans mes recherches) : Jeanne Julie en 1812 et Arnaud François Xavier en 1822.

Revenons à Bidian. Il ne devient pas perruquier comme son père ; Jean André a d'ailleurs abandonné le métier en devenant marchand. Marchand de quoi ? Mystère. Les différents actes ne précisent que la seule activité de marchand sans préciser la nature de la marchandise vendue. Bidian devient ferblantier. Pourquoi ? Aucune idée. Son frère aînée, Clément, est également ferblantier. Comme ils ont de nombreux tonneliers dans leur connaissance, je peux émettre l'hypothèse qu'ils fabriquaient (entre autres) les cercles qui entouraient les futs. Mais les tonneliers sont si nombreux à Bordeaux. Et la rue de la Fusterie est une rue de charpentiers (c'est le prolongement de la rue Carpenteyre, ce qui signifie "charpentier" ; "fusterie" signifie également "charpentier" en gascon). Le ferblantier transforme le métal à froid, à la différence du forgeron (qui le transforme à chaud). Sa matière première, ce sont des plaques en fer blanc. Cependant, le ferblantier désigne aussi celui qui vend les produits. Donc, Bidian était-il fabricant ou juste marchand ? Mystère.

 

En 1834, Bidian épouse Catherine Victoire CHAUBET. Fille d'un ferblantier...

2.2. Catherine Victoire CHAUBET, fille de ferblantier

Catherine Victoire CHAUBET est la fille de Barthélémy CHAUBET, un Bordelais dont le père était boulanger et d'Anne CORDÉ dont le père, Pierre CORDÉ, était tailleur d'habits. Ce père, désormais en retraite vit avec Barthélémy, son gendre et sa fille Anne dans la rue du Loup (au n° 1, puis au n°3 et enfin au n°69)..

Barthélémy CHAUBET et Anne CORDÉ se marient le 8 mai 1806. Ils ont cinq enfants entre 1807 et 1812 avant d'avoir Catherine Victoire en 1814, leur dernier enfant. 

Comme pour chacun de ses enfants, Barthélémy est accompagné d'un ami, d'un beau-frère ou de son beau-père malgré son âge avancé (il approche les 80 ans).

Acte de naissance de Catherine Victoire CHAUBET

Source : Archives de Bordeaux Métropole

Les proches du couple sont des artisans : le grand-père maternel (tailleur d'habits), un oncle paternel (tonnelier), un beau-frère menuisier, un bouchonnier, un orfèvre...

 

Je ne sais pas grand -chose d'autres concernant Catherine Victoire qui vit donc avec ses frères et sœurs plus âgés et ses parents. Elle apprend à lire et à écrire (elle sait signer) puis se marie à l'âge de 19 ans avec Bidian BAILLET, ferblantier comme le père de Catherine. Il a 25 ans.

2.3. Le mariage de Bidian BAILLET et de Catherine Victoire CHAUBET en 1834

Bidian a 25 ans et Catherine en a 19. Ils se marient le 21 juin 1834. On l'a vu, la mère de Bidian est morte l'année qui a suivi la naissance de son fils. Mais son père est présent. Les parents de Catherine sont tous les deux présents également. Les témoins sont un papetier, deux menuisiers et un tonnelier qui est également un cousin germain de Catherine Victoire. Ce cousin Barthélémy CHAUBET, né en 1804, part en 1836 (deux ans après le mariage) aux États-Unis, et plus exactement à la Nouvelle-Orléans. Grâce à son passeport, on sait qu'il était grand pour l'époque, 1,74 m, et qu'il avait les yeux gris et les cheveux châtains.

 

C'est également à la Nouvelles-Orléans qu'il meurt cinq ans plus tard, le 12 juillet 1841, mais je n'en sais guère plus. L'information provient du Centre d'Etudes des Français d'Amérique CEFA mais il semble inactif depuis une dizaine d'années.

date de délivrance : 22 décembre 1836
lieu d'origine : Bordeaux (Gironde, France)
destination : Nouvelle-Orléans (La) (Lousiane, Etats-Unis)
cote : 4 M 716/861
Source : Archives départementales de Gironde

Mais revenons à notre mariage et au couple Bidian BAILLET et Catherine Victoire CHAUBET après ma digression. Au moment du mariage, Bidian habite rue Bouquière, dans le quartier Saint-Eloi, entre le quartier saint-Michel et le quartier Saint-Pierre, situé aujourd'hui entre le Cours Victor-Hugo (les Fossés à l'époque) et le cours d'Alsace-Lorraine (pas encore percé en 1834). Catherine habite rue Saint-André chez ses parents, une petite rue à proximité de la cathédrale et qui donne sur la place Pey-Berland. Cette rue a disparu, sans doute lors de l'agrandissement de la place Pey-Berland entre 1860 et 1888 et le percement du cours d'Alsace-Lorraine.

À gauche, la place Pey-Berland en 1857 et à droite, en 1877. En 20 ans, on voit le dégagement de la cathédrale et la disparition d'un certain nombre de bâtiments et donc des rues (en rouge, la rue Saint-André).

Le couple s'installe rue Bouquière, c'est là qu'ils ont leur premier enfant en 1835 : il porte le prénom de Barthélémy, comme le père de Catherine Victoire et comme son cousin, témoin à son mariage. C'est avec les naissances suivantes que l'on peut retracer le parcours des époux.

 

En 1836, ils habitent toujours rue Bouquière, où ils ont leur deuxième enfant, une fille, qui est prénommée Anne Mathilde. Anne était le prénom de la mère de Catherine.

 

En 1842, ils ont déménagé dans la rue Frère. Ils ne sont plus dans le quartier Saint-Eloi mais dans le quartier des Chartrons : c'est là que naît Barthélémy. Si leur premier enfant s'appelait Barthélémy Ferdinand, leur deuxième garçon (et troisième enfant) s’appelle Barthélémy Alfred.

 

En 1844, changement de domicile et de rue mais on reste dans le quartier des Chartrons : c'est la naissance d'Antoine, rue Notre-Dame.

 

C'est ensuite, en 1850, la naissance d'Étienne Auguste. Il voit le jour rue Pelegrin ou Pellegrin (on trouve les deux orthographes sur les cartes, les actes de l'état civil et les recensements). À ne pas confondre avec l'hôpital Pellegrin. Il m'a fallu faire quelques recherches car la rue ne s'appelle plus ainsi aujourd'hui. C'est une rue qui donne sur la cathédrale Saint-André. Bidian et Catherine sont revenus en centre-ville. La rue Pelegrin s'appelle aujourd'hui la rue du Commandant Arnould.

Extrait de la carte de Bordeaux par Jean-Baptiste Tardieu (1857)

Source : Gallica BNF

Pour l'anecdote, on peut noter que la fille d'Étienne Auguste, Noélie "Madeleine" BROUET veuve MURAT, mon arrière grand-mère, vivra une partie de sa vie (et jusqu'à la fin de celle-ci en 1966) dans un appartement rue du Hâ, perpendiculaire à la rue où est né son père une centaine d'année auparavant...

Bidian BAILLET et Catherine Victoire CHAUBET ont encore deux enfants : François et Catherine Clémence. Ils ont un domicile différent à chaque fois ; François naît rue Tombe l'Oly (qui existe toujours ; elle est perpendiculaire à la rue Sainte-Catherine et traverse le cours Pasteur) et Catherine Clémence, rue Saint-Bruno (qui a disparu avec la rénovation du quartier Mériadeck où elle était située).

2.4. Que devient le couple Bidian "Edouard" BAILLET / Catherine Victoire CHAUBET ?

Vingt-deux ans séparent la naissance du premier enfant du couple (Barthélémy Ferdinand en 1835) et leur dernier (Catherine Clémence en 1857). Bidian a alors 49 ans et Catherine 42. 1857 n'est ps une bonne année pour eux : ils perdent successivement leurs deux derniers enfants : François fin août et Catherine Clémence début septembre. Le monde occidental est touché cette année par une forte épidémie de grippe. Est-cela cause du décès du petit garçon qui n'a pas encore tout à fait trois ans et de la petite fille de trois mois ? Difficile de le savoir. Les causes de décès des enfants sont hélas très nombreuses à cette époque.

 

Six jours avant le décès de François, sa sœur aînée, Anne Mathilde, se marie.

 

En 1861, c'est au tour de Barthélémy Ferdinand de se marier. Et c'est tout pour les mariages. En 1871, Barthélémy Alfred meurt célibataire ; il avait 29 ans. Je n'ai aucune information concernant Antoine. Et on l'a vu en début de page, Étienne Auguste vit en concubinage avec Marie BROUET sans l'épouser avant de décéder en 1892 à l'âge de 42 ans.

 

Bidian "Edouard" BAILLET meurt en août 1869 à l'âge de 61 ans, à l'hôpital Saint-André. Son adresse personnelle n'est pas précisée sur l'acte de décès. Pour son épouse, Catherine Victoire CHAUBET, je n'ai pas trouvé son acte dé décès. Elle est vivante en 1871 au moment du décès de Barthélémy Alfred à Bègles puisqu'ils vivent ensemble. Mais je ne sais rien de plus. Les tables décennales de la commune de Bègles ne mentionnent pas le décès de Catherine CHAUBET. Elle décède donc entre 1871 et 1892 car l'acte de décès de son fils Étienne précise que ses deux parents sont morts.

3. Les enfants de Bidian BAILLET et de Catherine Victoire CHAUBET

Ce paragraphe ne sera sans doute pas trop développé car je n'ai pas forcément beaucoup d'informations sur le sujet et mes recherches ne sont pas réellement exhaustives.

 

 Petit rappel : Bidian "Edouard" BAILLET et Catherine Victoire CHAUBET ont eu sept enfants entre 1835 et 1857, cinq garçons et deux filles :

 - Barthélémy Ferdinand (1835) ;

 - Anne Mathilde (1836) ;

 - Barthélémy Alfred (1842) ;

 - Antoine (1844) ;

 - Étienne Auguste (1850) ;

 - François (1854) ;

 - Catherine Clémence (1857).

 

Jetons un œil sur le recensement de 1866 où nous retrouvons la famille rue Saint-Bruno :

Extrait du recensement de Bordeaux, 1866.

Source : Archives Bordeaux Métropole

Trois enfants enfants vivent encore avec leurs parents. Les deux aînés sont mariés et les deux derniers sont décédés (François et Catherine Clémence) en 1857. Restent Barthélémy (Alfred) et Antoine qui exercent le même métier que leur père, à savoir ferblantier et Étienne (Auguste), le plus jeune.

Barthélémy Ferdinand BAILLET

C'est l’ainé des enfants du couple. Ferblantier comme son père, il se marie à l'âge de 25 ans avec une jeune femme qui en a 30. Le mariage a lieu à Bordeaux en 1861. Catherine REVEL, la jeune épouse, est née à Bordeaux, exerce la profession de couturière et ses deux parents sont déjà morts au moment du mariage.

 

Je ne sais pas grand-chose d'autres sur le couple. Je ne leur ai pas trouvé d'enfants. À un moment donné, ils s'installent à Bègles ; c'est dans cette commune que Catherine REVEL décède à l'âge de 49 ans en 1879. Sur son acte de décès, elle est toujours déclarée couturière alors que son époux est dit "sans profession" ; il a 44 ans. Que devient-il ? Mystère. Je n'ai pas trouvé d'acte de décès à son nom.

Anne Mathilde BAILLET

Anne Mathilde a 21 ans quand elle épouse Jean-Baptiste Eutrope DARRIEUX, qui est charpentier de navire. Nous sommes en 1857. Sans doute en raison de son métier, le couple quitte leur commune de naissance, Bordeaux, pour Toulon. Et c'est à Toulon qu'Anne Mathilde accouche d'une petite fille prénommée Rose (qui arrive un peu moins de six mois après le mariage...). Sans doute l'accouchement se passe-t-il mal :  Anne Mathilde décède 15 jours après. Elle a toujours 21 ans. Rose décède l'année suivante, à l'âge de 21 mois. Entre-temps, Jean Baptiste Eutrope s'était remarié.

Barthélémy Alfred BAILLET

En dehors de sa naissance en 1842 à Bordeaux et de sa mort en 1871 à Bègles, je ne sais rien sur Barthélémy Alfred. Il meurt célibataire et il vivait avec sa mère au moment de son décès. Notons qu'il n'était pas ferblantier mais travaillait comme employé aux chemins de fer.

Antoine BAILLET

Je n'ai pas grand chose à dire sur Antoine. Il est né en 1844 à Bordeaux et il est vivant lors du recensement de 1866 où on lui donne l'âge de 17 ans et le métier de ferblantier. C'est peu mais c'est tout. Je n'ai aucune information sur un éventuel mariage ou sur son décès (date et lieu).

Étienne Auguste BAILLET

Ferblantier comme son père et ses frères, Étienne Auguste fait son service militaire entre 1870 et 1875 dans 82e régiment d'infanterie de ligne. Il y arrive en octobre, soit après la bataille de Sedan qui marque la défaite de l'armée française face aux Prussiens et provoque la chute du Second Empire ; la République est proclamée le 4 septembre.

 

On l'a vu au début de cette page : en 1882, il est en couple avec Marie BROUET : il a 32 ans. Ils ont quatre enfants enfants ensemble (peut-être cinq mais je n'ai pas de certitude sur sa paternité pour le cinquième enfant. Des doutes très légers, certes, mais je ne peux rien prouver donc je reste prudent). Il ne reconnait que le premier, Henri Antoine, qui ne vit que 8 mois. Notons le second prénom de l'enfant, Antoine, comme le frère d'Étienne. Est-ce une coïncidence ? Difficile à dire. Il meurt en 1892 à l'âge de 42 ans.

 

Les enfants d'Étienne BAILLET sont étudiées dans les deux pages suivantes :

François et Catherine Clémence BAILLET

Les deux derniers enfants du couple meurent à quelques semaines d'intervalles, en août et septembre 1857. François avait deux ans (presque trois) et la petite Catherine avait trois mois.

Conclusion

Il me semble, après avoir étudié le parcours de la famille formée par Bidian BAILLET et Catherine CHAUVET que le couple a subi une forme de déclassement social. Fils et fille d'artisans, petits-fils et petite-fille d'artisans, alphabétisés, à une période où la majeure partie de la population française était exclue, par manque de moyens, de l'éducation, et vivant dans des quartiers plutôt actifs du centre-ville, le couple finit sa vie dans un quartier relativement pauvre de Bordeaux, le quartier de Mériadeck, un quartier qui ne fait pas l'objet de l'attention de la municipalité, dont les rues sont peu entretenues, où les maisons se délabrent vite provoquant une insalubrité importante. On peut noter que les deux seuls enfants du couple qui décèdent dans leur enfance sont les deux derniers, à l'époque où Bidian et Catherine vivent rue Saint-Bruno, dans le quartier Mériadeck. Deux faits montrent l'aspect populaire et le dénuement du quartier : en 1838, un arrêté fait de Mériadeck le quartier réservé des prostituées ; il faut attendre 1860 pour que soit installée, place Mériadeck, une fontaine, seul point d'eau potable du quartier. Pittoresque, certes, avec son marché aux puces, ses bistrots et ses maisons de tolérance, le quartier compte une population homogène dans sa pauvreté. Après la Seconde Guerre mondiale, le quartier est entièrement rasé pour faire place à un projet immobilier de grande ampleur.

 

Sur les sept enfants de Bidian et Catherine, deux seuls semblent avoir eu des enfants : Anne Mathilde, mais dont la fille Rose meurt l'année qui suit sa naissance ; et Étienne. Le seul enfant qu'il reconnait et qui porte son nom, meurt lui aussi peu après sa naissance. Ses trois autres enfants (sans doute quatre en fait), portent tous le nom de leur mère : BROUET. Mais qui sait, mes recherches futures donneront peut-être des informations supplémentaires.


Pour les curieux, surtout de Bordeaux sans doute, un site très intéressant sur l'histoire du quartier Mériadeck, de sa naissance dans les marais au XVIIIe siècle à sa rénovation, commencée dans les années 1960 et qui se poursuit encore de nos jours. Je regrette cependant l'absence de bibliographie et de citations des sources...

Un autre site propose aussi un historique et des documents photographiques (entre autres). C'est sur ce site que j'ai récupéré une photographie de la fontaine de la place Mériadeck où se déroulait également le marché aux puces. Et il y les sources et une bibliographie !