1. Corrections décembre 2020.
2. Refonte de la page en février 2021.
3. Mise à jour en cours (à partir de juillet 2021) avec la mise en ligne des recensements de la ville de Bordeaux sur le site
Archives Bordeaux Métropole et les résultats de recherches aux Archives départementales de Gironde des archives judiciaires (tribunal correctionnel). Ces dernières mises à jour seront d'une autre
couleur typographique que le noir de l'article principal.
En raison des très nombreuses découvertes récentes concernant mon ancêtre Marie BROUET, je vais remanier entièrement la page qui lui ait consacrée et dont le plan n'est plus réellement adapté.
Lors de la première édition, je pensais que Marie BROUET avait trois filles naturelles : Noélie, Madeleine et Mathilde.
Puis, j'ai compris (tardivement), avec l'aide de mon cousin Claude MURAT et de sa fille Christel, que deux des trois filles, Noélie et Madeleine, étaient en fait la seule et même personne.
J'ai ensuite découvert l'existence d'un fils naturel, Jean Camille BROUET ; puis d'un mariage et de trois enfants légitimes. Puis à nouveau d'autres enfants naturels... Bref, à force de "rapiécer" cette page, elle ne ressemblait plus à grand-chose. Donc, une refonte m'a semblé la solution la plus adaptée.
La généalogie en général et ce site en particulier (sans compter la mise en ligne de mes recherches sur le site Geneanet) me permet de renouer avec des membres de ma famille mais également d'en découvrir. J'ai évoqué plus haut Claude MURAT et sa fille Christel. J'ai obtenu également de précieuses informations de Christophe JEAN. Il est l'arrière-petit-fils de Mathilde BROUET (une des filles de Marie BROUET) et généalogiste amateur comme moi.
Christophe JEAN m'a fait découvrir l'existence d'un mariage dont j'ignorais totalement l'existence entre Marie BROUET, notre ancêtre commune, et un dénommé Guillaume SABARIO.
Qui est Marie BROUET ?
C'est la mère de Noélie BROUET (entre autres), mon arrière-grand-mère ; Noélie BROUET est donc la mère d'André BROUET-MURAT, mon grand-père maternel (né BROUET en 1905 puis reconnu par son parâtre, Louis MURAT en 1914).
La page consacrée aux parents de Marie BROUET est accessible en cliquant sur le lien ci-dessous :
Quelques éléments du paragraphe ont été modifiés en raison de la découverte d'informations issues des recensements de la ville
de Bordeaux mis en ligne sur le site de Archives Bordeaux Métropole.
Que peut-on savoir de Marie BROUET ? Pas grand chose sans doute. L'état civil et les recensements nous permettent de reconstituer sa vie en fonction de ses unions (légitimes ou pas), des naissances de ses nombreux enfants, dont beaucoup sont sans père nommé ou identifié. Les mariages de ses enfants nous permettent de suivre encore son parcours, ses métiers, ses adresses successives. Mais à quoi ressemblait-elle ? Que pensait-elle ? Quelles étaient ses plaisirs, ses frustrations ? Tout cela est perdu faute de témoignages ou de photos...
Trouver l'acte de naissance de Marie BROUET fut relativement facile. Ayant 35 ans en 1885 à la naissance de Mathilde BROUET et et 37 en 1887 à la naissance Noélie BROUET, ses deux filles dont je connaissais l'existence au début de mes recherches, j'ai cherché dans les registres de l'état civil de Bordeaux de l'année 1850. Marie est née le 12 mars 1850.
Acte de naissance de Marie BROUET.
Sources : Archives Bordeaux Métropole.
Elle est la fille de Pierre BROUET, vigneron de 33 ans et de Marthe RAYMOND, à priori sans emploi au moment de la naissance de Marie. Elle est le cinquième enfant du couple (au vu de l'état actuel de mes connaissances). Faisons le point sur ses frères et sœurs.
Marie naît au domicile de ses parents au 18, passage Belair. C'est dans cette même maison que son frère Jean est mort quelques mois auparavant. Cette petite rue se situe à proximité du cours de l'Yser (dont l'ancien nom est la route d'Espagne), face au marché des Capucins. Nous sommes dans un quartier sis entre la place de la Victoire (à l'époque la place d'Aquitaine), les Capucins (le grand marché de Bordeaux qui, jusqu'au milieu du XIXe siècle était surtout un marché de bétails) et la gare Saint-Jean dont la construction s'achève en 1855. La population est plutôt modeste voire pauvre, avec des immigrés espagnols de plus en plus nombreux ou, comme Pierre BROUET, des ruraux qui progressivement, se tournent vers les métiers de l'industrie, de l'artisanat, du commerce.
Marie a 4 ans quand sa mère, Marthe RAYMOND, meurt à l'âge de 36 ans seulement. Elle va donc vivre avec son père, son grand frère et sa sœur. Mais la famille s'agrandit.
En 1857, un enfant naît, un garçon, de père et mère non nommé·e·s. Il se prénomme Jean Eugène. Il est reconnu en 1861 par Pierre BROUET. Il reste cependant de mère inconnue. Mais lors du mariage de ce même Jean Eugène, en 1899, alors que son père est mort, la veuve de son père, Anne BRIEZ (que Pierre BROUET a épousé en seconde noces en 1872) est présentée comme la mère de Jean Eugène.
Cette même Anne BRIEZ était également la mère d'un enfant né en 1865 : Jules BRIEZ, qui est reconnu par Pierre BROUET en 1868, avant son mariage avec Anne BRIEZ.
Marie a donc deux nouveaux frères. Sont-ils les fils génétiques de Pierre BROUET ? Sans aucun doute car selon le recensement de Bordeaux de 1861, Pierre BROUET et Anne BRIEZ vivaient
déjà ensemble. Pour plus de détails, consultez la page consacrée à Pierre
BROUET et Marthe RAYMOND. On y apprend pourquoi Anne BRIEZ et/ou Pierre BROUET ne pouvaient pas réellement reconnaître ses deux enfants.
Regardons le recensement de 1861. Marie a 11 ans et vit avec son père, Pierre BROUET, sa marâtre, Anne BRIEZ ou BRIÉS (selon les actes), la mère de cette dernière, Marie PARIZOT ou PARISOT (peut-être veuve, ou pas, vu que son mari, Théodore BRIEZ, a abandonné sa famille depuis longtemps), ses frères et sœurs Guillaume, Jeanne et Jean, ce dernier étant en fait Jean-Eugène, son demi-frère.
Notons que Pierre BROUET n'est plus vigneron mais cartonnier.
Recensement de Bordeaux, 1861.
Sources : Archives Bordeaux Métropole.
En 1866, Marie a 15 ans ou 16 après sa date anniversaire du 12 mars. Pourtant, le recensement de cette même année 1866 lui donne l'âge de 17. Elle est "cigareuse", comme sa grande sœur Jeanne (surnommée ici "Chérie"), c'est-à-dire qu'elle roule des cigares à la main pour la Manufacture des Tabacs de Bordeaux.
Recensement de Bordeaux, 1866.
Sources : Archives Bordeaux Métropole.
Elle se marie 5 ans plus tard. Le mariage a lieu le 15 juillet 1871. Guillaume SABARIO a 23 ans (il est né à Bordeaux en 1848) et Marie en a 21. Sont présents les parents de l'époux, Bernard SABARIO et Françoise MICHEL. Le père et le fils exerce la même profession de fabricant de caisses ; du côté de la mariée, est présent son père, Pierre BROUET, cartonnier. Notons que l'orthographe SABARIO varie selon les actes ; on la retrouve souvent sous la forme SABARIAU, SABARIAUT, SABARIAUD. Notons enfin que les deux parents de Guillaume sont nés à Bordeaux ; d'ailleurs, coïncidence amusante, au moment de son mariage, Bernard SABARIAUT (orthographe utilisée dans l'acte) vivait rue Veyssière ou a longtemps vécu André MURAT, né BROUET, un des petits-fils de Marie BROUET, qui est également mon grand-père maternel.
Marie BROUET est déclarée revendeuse sur l'acte de mariage. Apparemment, les deux familles et leurs enfants habitent au 19 de la rue d'Aubidey, dans le quartier de la gare Saint-Jean. Aucun des époux ne sait signer. Les quatre témoins exercent les professions de lithographe, de charretier, d'ébéniste et de colleur de papiers (ce dernier métier pourrait sembler un peu étrange aujourd'hui... C'était, à priori, un colleur de papier peint, c'est-à-dire un tapissier).
Le jeune couple déménage au 25, rue Nansouty et ils y ont ils ont leur premier enfant, en 1873, une fille qu'ils prénomment Françoise Alice. Marie BROUET accouche à domicile avec l'aide d'une sage femme. Il existe un quartier Nansouty, une place Nansouty, mais je n'ai pas trouvé de trace d'une rue Nansouty dans les recensements de 1872. Je n'ai donc pas encore retrouvé leur trace dans le recensement de cette année 1872.
Marie et Guillaume déménagent ensuite au 123 route d'Espagne (aujourd'hui le cours de l'Yser) qui aboutit à la place Nansouty ; c'est là qu'ils ont leur deuxième enfant, un garçon, qu'ils appellent Antoine (comme le frère de Guillaume SABARIO, témoin lors de la déclaration de naissance) mais qui porte le surnom d’Émile dans tous les recensements où j'ai retrouvé sa trace.
Pour leur troisième enfant, ils ont encore déménagé : ils habitent cette fois rue Lafontaine, au n°34, une rue perpendiculaire au cours d'Espagne. On est donc toujours dans le même quartier, près du marché des Capucins, pas trop loin de la gare et de la place d'Aquitaine (aujourd'hui place de la Victoire). Ce troisième enfant s'appelle comme son père, Guillaume. En fait, il a deux prénoms, Guillaume Henri. Il naît en 1879.
De 1871 à 1879, Guillaume SABARIO (le père) est fabricant de caisses (layetier ou caissier selon les actes) et Marie BROUET est qualifiée de ménagère ; dans le contexte de l'époque, cela signifie qu'elle est femme au foyer.
Guillaume SABARIO décède. Mais quand ? Lors du mariage de deux de ses enfants, Françoise Alice en 1898 et Antoine en 1899, Guillaume est déclaré décédé et Marie BROUET est qualifiée de veuve. Lors de son conseil de révision, Antoine (dit "Émile") est déclaré fils unique de veuve et nous sommes en 1896. Enfin, comme je le développe plus bas, dès 1881, Marie BROUET est qualifiée de veuve dans le recensement de 1881.
La dernière trace de Guillaume SABARIO vivant est la déclaration de la naissance de son fils Guillaume (même prénom que lui) en 1879. Il a donc du trouver la mort entre 1878 (on peut mourir avant la naissance de son enfant juste après la conception ; et son fils Guillaume est né en février 1879) et 1881.
J'ai donc cherché un acte de décès dans les tables décennales de Bordeaux entre 1878 et 1881. Et je n'ai rien trouvé. J'ai été attentif aux éventuelles variantes du nom (SABARIO, SABARIAU, SABARIAUD, etc.) mais sans succès. Je ne sais ni quand ni où il décède. Seule certitude : c'est avant 1882. Autre certitude : Marie BROUET ne vit plus avec lui en 1881. Comme je n'ai pas non plus de traces de son troisième enfant et deuxième fils qui porte le même prénom que son père, Guillaume SABARIO, j'ai regardé les tables annuelles jusqu'à la fin du XIXe siècle, mais sans succès. Bref, le père et le fils sont décédés mais je n'ai pas trouvé les actes.
Mise à jour :
on peut même être plus précis : dans le recensement de 1881, on peut trouver l'adresse de Marie BROUET : elle vit avec son père (Pierre BROUET) et sa marâtre (Anne BRIES) au 27 de la rue Belair, rue où elle a vu le jour (enfin, presque : elle est née passage Belair). Elle est déclarée "veuve de SABARIO" et outre son père et sa marâtre, vivent avec eux le jeune François (en fait, son jeune frère Jules BRIES ou BRIEZ), son fils Emile SABARIO âgé de 5 ans (il s'agit donc d'Antoine SABARIO). Pas de trace de sa fille Françoise (8 ans) ni du petit dernier, Guillaume (2 ans). Françoise ne vit pas avec sa mère mais sans doute avec la famille de son père. Elle est vivante puisqu'elle se marie quelques années plus tard. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de Guillaume. Je n'ai pas trouvé de décès à son nom ni aucun acte ou aucune source le mentionnant (comme une fiche matricule par exemple).
Recensement de Bordeaux, 1881.
Sources : Archives Bordeaux Métropole.
En 1883, un petit Henri Antoine BAILLET voit le jour. Nous sommes en hiver, un lundi, le 19 février. La maman est Marie BROUET (déclarée journalière sans plus de précision), qui vit en concubinage, sans être mariée donc, avec le père du petit Henri. Il répond au prénom d'Étienne Auguste. Il est ferblantier et il a le même âge que Marie, soit 32 ans à la naissance de leur fils. Ils vivent au 31 de la rue Canihac, une petite rue qui se situe en haut du cours Victor Hugo et qui rejoint le cours Pasteur. Cours Pasteur qui n'existait pas à l'époque puisqu'il a été percé en 1903. À priori, la maison située au 31 n'existe plus.
Petit aparté : Marie, en couple ou pas, passe son temps à déménager ! Est-ce pour adapter son logement à la taille de sa famille ? Je n'en sais trop rien mais la liste de ses adresses est très longue...
Le petit Henri Antoine décède très jeune : il a 8 mois seulement quand il trouve la mort chez ses parents au 60, rue Saint-Jacques (qui, au début du XXe siècle prend le nom de rue Kléber).
Quand naît son cinquième enfant, prénommée Mathilde, Marie BROUET vit toujours avec Étienne Auguste BAILLET. Certes, il ne déclare pas l'enfant et ne le reconnait pas, mais le couple partage le même appartement rue Moulinié (en 1886), au moment du recensement. De plus, Marie BROUET se présente comme l'épouse d’Étienne BAILLET (orthographié ici "BAYET") et donne à sa fille Mathilde le patronyme de BAILLET ("BAYET"). Je pense qu'on peut en conclure sans trop d'erreur qu'elle est bien la fille de ce dernier. Avec le couple et Mathilde vit au même domicile Antoine "Émile" SABARIO, fils de son premier mariage.
Recensement de Bordeaux, 1886.
Sources : Archives Bordeaux Métropole.
Un mot concernant Étienne Auguste BAILLET, concubin de Marie BROUET. D'après son registre matricule, il mesurait 1,56 et il savait lire et écrire. Son père répondait au prénom étrange de Bidian. Il a fait son service (pendant 5 ans, de 1870 à 1875) dans le 82e régiment d'infanterie de ligne. Il meurt à 42 ans, en 1892, au 1, rue Jean Burguet, c'est-à-dire à l'hôpital Saint-André.
Sa mort en 1892 signifie--il qu'il est le père des enfants suivants de Marie BROUET, à savoir Noélie en 1887, Jean Camille en 1890 et Marie Marguerite en 1892 (cette dernière naissant le lendemain du décès d’Étienne BAILLET) ? Je ne peux pas encore l'affirmer. En 1886, Mathilde BROUET, fille presque certaine d’Étienne BAILLET, est déclarée avoir 15 mois. Nous sommes donc au moins au mois de mai. Noélie naît en août 1887, soit 15 mois plus tard. Il n'est donc pas certain qu’Étienne soit le père. Mais les probabilités sont fortes. Une preuve (ou tout au moins un élément de preuve) serait le recensement de 1891. Hélas, je n'ai pas encore trouvé l'adresse de Marie BROUET à ce moment précis (il faut dire, comme je l'ai déjà souligné, qu'elle déménage très souvent). Donc, pour résumer, je ne sais pas si mon arrière grand-mère Noélie, officiellement née sans père nommée, est bien la fille d’Étienne BAILLET.
20 février 1885 : Mathilde BROUET
Comme nous l'avons mentionné plus haut, Mathilde BROUET est née chez sa mère qui, cette année, habite au 20 de la rue Moulinié. Cette rue se situe presque dans le prolongement du Pont de Pierre et du Cours Victor Hugo, pas très loin de la place d'Aquitaine, aujourd'hui appelée place de la Victoire, à l'angle du cours Pasteur qui n'existait pas lors de la naissance de Mathilde en 1885 (le cours Pasteur a été percé en 1903). C'est "Mademoiselle BOURDET", sage-femme, qui déclare la naissance le 20 février, naissance qui a eu lieu le matin même à 5 heures. Marie BROUET se déplace le 13 mars pour reconnaître sa fille naturelle. Pas de père nommé pour la petite Mathilde (mais comme on l'a vu sa mère vit en concubinage avec Étienne BAILLET et les chances sont fortes qu'il soit le père). Sa maman, Marie BROUET , déclare avoir 34 ans (ce qui est bien son âge ; ce n'est pas toujours le cas dans les actes du XIXe siècle). Elle est journalière. Elle n'a pas signé la déclaration car ne sait toujours pas écrire.
Source : Archives Bordeaux Métropole.
La reconnaissance de Mathilde BROUET par sa mère Noélie BROUET.
09 août 1887 : Noélie BROUET
J'ai longtemps cru que Noélie était la plus jeune de trois sœurs portant le matronyme de BROUET. Depuis, j'ai trouvé de nombreuses informations sur la vie de Marie BROUET. Noélie est en fait son sixième enfant et pas la dernière fille. Elle est née à l’hôpital Saint-André le 9 août 1887 à 8h du matin. La naissance est signalée le 12 août à 14h par une sage-femme de 24 ans répondant au nom de CHARTRON (Mademoiselle). Marie BROUET est marchande et âgée de 37 ans (mais l'acte lui en attribue 38). Elle réside au 61 rue Fonfrède. Nous sommes dans le quartier de la gare. Le prénom du bébé est orthographié Noélie. Deux mois plus tard, le 12 octobre 1887, Marie BROUET, qualifiée de revendeuse dans le nouvel acte, reconnait sa fille naturelle dont le prénom est orthographié Noéli (sans le « e »).
Son père est-il Étienne BAILLET ? Il était en couple avec sa mère 15 mois plus tôt. Les probabilités sont donc fortes qu'il soit le père biologique de Noélie.
4 février 1890 : Jean Camille BROUET
C'est le 5 février à 13h que madame MOLINIÉ, sage-femme de 40 ans, qui exerce et vit à l'hôpital Saint-André déclare la naissance d'un enfant naturel, qui a vu le jour le matin même à 8h. Sa mère, Marie BROUET, a 39 ans ; elle est marchande au 55 rue Saint-Jacques (qui devient la rue Kleber au début du XXe siècle). Il est reconnu par sa mère quelques semaines plus tard, le 28 mars 1890.
Acte de reconnaissance de Jean Camille BROUET.
Source : Archives Bordeaux Métropole.
Cote : BORDEAUX 1 E 351.
19 décembre 1892 : Marie Marguerite BROUET
Marie Marguerite est le huitième enfant de Marie BROUET et son quatrième enfant naturel à porter le même nom que sa mère. Marie BROUET a 42 ans à la naissance (43 dans l'acte) de la petite Marie Marguerite. Elle est désignée journalière par la sage-femme qui déclare la naissance du bébé. Elle vit rue Mazagran, dans le quartier situé en face du marché des Capucins, une rue où on va retrouver la famille BROUET, ses enfants et ses petits enfants jusque pendant la Seconde Guerre mondiale.
Marie reconnaît l'enfant quelques mois plus tard, en mars 1893.
Acte de reconnaissance de Marie Marguerite BROUET
Source : Archives Bordeaux Métropole
Cote : BORDEAUX 1 E 360
Il m'a fallu pas mal de temps pour trouver Marie BROUET dans le recensement de la ville de Bordeaux pour l'année 1891. C'était pourtant une année essentielle pour savoir si Marie vivait toujours, à cette date, avec son concubin Étienne Auguste BAILLET. Pourquoi était-ce important ? Faisons un petit résumé des épisodes précédant...
Marie BROUET épouse en 1871 Guillaume SABARIO avec qui elle a trois enfants. Elle est veuve en 1881 et a visiblement perdu son troisième enfant mais je n'ai pas trouvé les actes correspondant. Mais son veuvage intervient entre 1879 (naissance de son troisième enfant) et 1881 (date du recensement où elle est déclarée veuve).
En 1883, elle accouche d'un enfant, un petit garçon prénommé Henri dont la naissance est déclaré par le père, Étienne Auguste BAILLET. Il est né en 1850 (le 11 avril) et il est ferblantier. Il n'est pas tout à fait un inconnu. En effet, il était un des quatre témoins au mariage du frère de Marie, Jean Eugène BROUET en novembre 1882. Comme le petit Henri est né en février, on peut logiquement en conclure que quatre mois auparavant, Étienne était déjà le concubin de Marie. Et qu'il était suffisamment proche de la famille BROUET pour être un des témoins du jeune frère de Marie, Jean Eugène.
Le petit Henri décède rapidement. Comme on l'a vu plus haut, en 1885, Marie BROUET accouche d'une fille, Mathilde. Elle n'est pas reconnu par Étienne BAILLET. Cependant, dans le recensement de 1886, Marie BROUET se présente comme l'épouse d’Étienne BAILLET (orthographié BAYET) et donne à Mathilde le patronyme de BAILLET (BAYET). Étienne et Marie vivent ensemble rue Moulinié.
En 1887 puis en 1890, Marie BROUET a deux autres enfants qui ne sont reconnus que par leur mère : Noélie (mon arrière grand-mère) et Jean Camille. Cependant, après de longues recherches, j'ai trouvé leur lieu d'habitation dans les registres de recensement de 1891 : Marie BROUET et Étienne BAILLET sont toujours en couple.
Je parle de longues recherches car Marie BROUET a pour habitude de changer très régulièrement de domicile. J'ai relevé ses différentes adresses, avant 1891 et un peu après, en utilisant les sources de l'état civil : naissances et/ou de ses enfants et concubins et présence dans les actes de mariages de ses enfants. Et je cherche dans un premier temps dans les adresses précises, puis dans l'ensemble de la rue et enfin, dans l'ensemble du quartier, qui forme un triangle antre la place Nansouty, la place d'Aquitaine (aujourd'hui place de la Victoire) et la halle des Capucins.
J'ai surligné en orange les rues où elle a habité. Mes premières recherches n'ont rien donné. Toutes ces rues sont dans le 6e canton de Bordeaux. Ce sixième canton, pour l'année 1891, est divisé en deux registres, de 969 pages pour le premier et de 1104 pages pour le deuxième. J'ai donc compulsé sans succès le premier volume et j'ai trouvé l'adresse de Marie BROUET à la page 257 du second.
La famille habite rue Bergeon (flèche bleue sur le plan), au n°32 ; c'est un immeuble de deux étages avec un atelier. Le recensement compte dans cet immeuble 13 ménages et en tout 25 habitants. Mme veuve COUBEL est la "logeuse en garni", c'est-dire-des chambres meublées. La famille de Marie BROUET est répartie dans trois "ménages", sans doute trois chambres meublées. La situation ne doit pas être idéale ce qui explique sans doute qu'ils n'y restent pas longtemps.
Extrait du recensement, Bordeaux, 1891, 6e canton, volume 2
Source : Archives Bordeaux Métropole
Comme on le constate avec le document ci-dessus, Marie BROUET et son compagnon Étienne BAILLET partage une chambre avec un journalier, Pierre SENAT (ce qui ne doit pas laisser une grande intimité au couple). Les enfants sont répartis dans deux chambres : l'aîné, Antoine "Emile" SABARIO (orthographié ici "SAVARIAU", 15 ans, partage son garni avec Mathilde et Noélie "Madeleine" et un autre enfant de 5 ans. Le petit Jean Camille (ici prénommé juste Camille), né l'année précédente, est ans une troisième chambre avec deux adultes.
L'essentiel, pour ma recherche, est de constater qu’Étienne BAILLET et Marie BROUET vivent ensemble depuis au moins 1882 et qu'ils sont encore ensemble en 1891. Et que la probabilité qu’Étienne soit le père des enfants de Marie nés au cours de cette période est particulièrement forte. Certes, à part le petit Henri, né et mort en 1883, il ne reconnait aucun des enfants que Marie a eu. Et le couple ne se marie pas non plus. Cependant, ils vivent ensemble jusqu'au décès d'Etienne en 1892, quelques semaines avant la naissance de ce que je pense être leur dernier enfant, la petite Marie Marguerite. Et le décès d’Étienne explique sans doute pourquoi Marie BROUET, désormais seule avec quatre enfants, préfèrent confier la petite dernière à l'hospice des enfants (voir plus loin le destin de la petite Marie Marguerite).
Pour conclure, je suis donc persuadé qu’Étienne BAILLET est le père de Noélie "Madeleine" BROUET, mon arrière grand-mère. Et donc mon ancêtre. On pourra m'objecter que ne l'ayant pas reconnu, un doute subsiste. Cependant, combien d'enfant reconnu par un père, et dans le cadre d'un mariage, ont sans doute un géniteur différent ? La paternité n'est jamais certaine, contrairement à la maternité (et encore...).
En mai 1897, Marie BROUET a 47 ans. Un âge qui ne l'empêche d'avoir un dernier enfant en ces temps où la contraception n'est pas aussi développée qu'aujourd'hui. Elle a déjà huit enfants, dont quatre sont sans père nommé (mais dont on sait de façon quasiment certaine que leur père est son ancien concubin, Étienne BAILLET, décédé en 1892). Mais là, c'est le père de l'enfant, Jean-Marie ARRÉOU, 42 ans, étameur, qui déclare la naissance du bébé. C'est un garçon et ses parents lui donnent le prénom de Raymond. Un étameur, d'après ce que je peux comprendre, met de l'étain (il "étame") le cuivre ou éventuellement un autre métal pour empêcher son oxydation.
Marie BROUET et Jean-Marie ARRÉOU vivent en concubinage au 36, rue Lafontaine à Bordeaux. C'est une rue, où elle a déjà habité lorsqu'elle était mariée avec
Guillaume SABARIO, dans le quartier situé en face du marché des Capucins.
Jean-Marie ARRÉOU est né à Aspet, en Haute-Garonne, le 19 octobre 1853. À 20 ans, il est cordonnier, comme son père. Il mesure 1,64 m. Il a les cheveux et les yeux noirs, le menton pointu, le visage ovale, le nez fort et le front étroit. C'est en tout cas ce qu'indique sa fiche matricule. Il est dispensé de service militaire car il a un frère qui est déjà conscrit. Par contre, sa fiche matricule mentionne de nombreuses condamnations par le tribunal correctionnel de Bordeaux (je ne suis pas sûr des dates car la numérisation de sa fiche matricule proposée par les Archives départementales de Haute-Garonne a une résolution très faible).
- 18 septembre1894 : six jours de prison pour rébellion et outrages à agents ;
- 14 février 1890, deux jours de prison, encore pour outrage à agents ;
- 19 octobre 1898, quinze jours de prison pour vol ;
- 23 janvier 1903, un ou cinq mois de prison (d'après ce que j'arrive à transcrire) pour vol.
Avant de rencontrer Marie BROUET, Jean-Marie ARRÉOU a épousé à Bordeaux, en 1876, à l'âge de 26 ans, une femme qui en a 30, Monique SOURD. Elle est originaire d'Aspet, comme son mari. Le mariage a eu lieu le 18 mars et un enfant arrive le 27 novembre. Soit il est un peu prématuré, soit les parents n'ont pas attendu la noce pour consommer leur union. L'enfant s'appelle Isidore. Marchand au moment de son mariage, Jean-Marie ARRÉOU est déclaré tanneur à la naissance de son fils.
Isidore, fils de Jean-Marie-ARRÉOU et demi-frère de Raymond, se marie assez tardivement, en 1912. Il a déjà 36 ans. Son épouse, Joaquina NAVARRO, née en Espagne, a le même âge que lui. Le mariage permet de légitimer trois enfants qu'ils ont eu ensemble : Léon Fernand en 1887, Marcel en 1908 et Marguerite Adrienne en 1898. Comme son père, il a des problèmes avec l'autorité : il passe un an, de mai 1900 à mai 1901, dans le pénitencier militaire de Douéra, en Algérie, où il fait son service militaire dans le 1er régiment de chasseurs d'Afrique, condamné par le conseil de guerre permanent de la Division d'Alger, pour "outrages par paroles envers un supérieur en dehors du service". Le certificat de "bonne conduite" à la fin du service militaire lui est logiquement refusé. Rendu à la vie civile, il est condamné en 1904 à six jours d'emprisonnement pour vol par le tribunal correctionnel de Bordeaux. En 1911, c'est pour coups et blessures qu'il passe six jours en prison. Cela pourrait être l'illustration de l'expression : "tel père, tel fils"... Mobilisé pour le premier conflit mondial, il est affecté à un service auxiliaire et travaille en usine.
Revenons à Marie BROUET et au couple qu'elle forme avec Jean-Marie ARRÉOU : combien de temps restent-ils ensemble ? Je n'en ai aucune idée. En 1912, Jean-Marie ARRÉOU est décédé comme l'atteste l'acte de mariage de son fils Isidore. Mais je n'ai pas (encore) trouvé la date du décès.
Mise à jour
Une étude plus attentive des tables décennales de l'état civil de Bordeaux m'a permis de retrouver les dates de décès de l'enfant de Marie BROUET et de Jean-Marie ARRÉOU mais qui répondait au seul prénom de Jean. L'enfant ne vit pas très longtemps : il a 15 jours quand son père vient déclarer son décès au domicile de ses parents au 36 rue Lafontaine. Il décède à 4h du matin le 29 mai 1897 (pour une naissance le 13 mai).
Jean ARRÉOU et Marie BROUET se séparent. En 1901, il vit seul dans un petit appartement rue Saint-Jacques, où vivent d'autres ouvriers célibataires comme lui. Il est chaudronnier. En 1904, il vit toujours dans le même petit appartement, au n°53, mais la rue ne s'appelle plus "Saint-Jacques" mais "Kleber". Il meurt le 23 novembre à l'hôpital Saint-André. Il avait 51 ans.
Au tournant du siècle, Marie devient plusieurs fois grand-mère. La première fois, c'est en 1896, soit un an avant la naissance de son dernier enfant. Elle a donc un petit fils plus âgé que son propre fils ! Voyons ce que nous apprennent les trois premiers recensement de ce début de XXe siècle, pour l'instant les seuls disponibles en ligne aux Archives Bordeaux Métropole.
En 1901, Marie BROUET demeure célibataire. Ses deux derniers compagnons sont Étienne BAILLET et Jean ARRÉOU : le premier est décédé en 1892 mais je ne sais pas s'ils étaient encore ensemble à cette date ; le second ne vit plus avec Marie si l'on en croit le recensement de 1901. Parlons de ce recensement qui nous permet d'avoir une photographie de la situation de Marie. Elle a 51 ans. Observons le document.
Recensement de Bordeaux, 1901.
Sources : Archives Bordeaux Métropole.
Le document, établi à partir des déclarations des occupants du logement contient de nombreuses erreurs. Je cherchais une Marie BROUET, née en 1850 et je trouve une Maria SABARIO née en 1843. Qu'elle porte le nom de SABARIO peut se comprendre puisqu'elle est sa veuve. On peut cependant noter que lors du recensement de 1881, elle avait repris le nom de BROUET et, lors du recensement de 1886, elle portait celui de son compagnon de l'époque (BAILLET, orthographié BAYET) sans pour autant être mariée. Et la date de naissance de 1843 est erronée. Élément intéressant, si on peut constater qu'elle exerce toujours l'activité de layetière (fabricante de caisses en bois), le nom de son employeur (PARIS) figure dans le document. IL habite rue du Cloître.
Passons au reste de la famille : Émile SABARIO, c'est en fait Antoine SABARIO, né en 1876 (et non pas en 1887). Dans les précédents recensements, il était déjà prénommé Émile. Léontine SABARIO, c'est son épouse, Léontine BAQUIÉ : le mariage a eu lieu en 1899. À cette date, le couple n'a pas d'enfants. Je ne sais d'ailleurs pas s'ils en ont eu.
Les trois autres sont présentés comme les petits enfants de Marie ; cependant, ce sont ses enfants. Aucun n'a pour père son premier mari, décédé avant 1881 (Guillaume SABARIO). Il sont tous les trois de père non nommé et répondent donc au matronyme de BROUET. Il s'agit, dans l'ordre de naissance de Mathilde (née en 1885 et non pas en 1892), de Noélie (mais que tout le monde appelle Madeleine), née en 1887 et enfin Jean Camille (né en 1890). En 1901, ils sont donc respectivement 16 ans, 14 ans et 11 ans.
Voyons sa situation en 1906 (cliquez sur l'image pour retrouver le format original).
Recensement de Bordeaux, 1906.
Sources : Archives Bordeaux Métropole.
Elle ne vit plus avec le couple formé de son fils Antoine "Émile" SABARIO et de Léontine BAQUIÉ. Elle a quitté la rue Saint-Jacques 'désormais rue Kléber) pour revenir rue Mazagran. Elle est voisine de sa fille Mathilde et de son gendre Henri RICARTE qui ont un logement dans le même immeuble. Ils se sont mariés en février 1904 et le mariage a permis de légitimer la petite Odette, née en 1903. Ils ont eu un deuxième enfant, Marcel, en 1905.
Vivent avec leur mère Noélie "Madeleine" BROUET et Jean Camille BROUET qui portent le nom de
SABARIO dans le recensement, nom du premier mari de Marie BROUET, décédé bien avant leur naissance. Les dates de naissance, d'ailleurs, restent erronées. Les
années sont bonnes mais rarement le jour et le mois. Mais on a constaté des erreurs plus importantes dans ce domaine.
Petite curiosité pour laquelle je n'ai pas de réponse : mon grand-père André BROUET, fils de Noélie "Madeleine", n'est pas présent au domicile. Né en décembre 1905, il devrait logiquement être avec sa mère. Je n'ai pas d'explication à son absence.
Je n'ai pas encore retrouvé son lieu d'habitation dans le recensement de 1911. Donc, à suivre...
Je n'ai pas trouvé sa date de décès. Je sais qu'elle est encore en vie en 1915 quand sa fille Noélie BROUET se marie. Elle est présente dans divers actes de naissances quand ses filles, qui ont comme leur mère, des enfants naturels, précisent dans les actes qu'elles vivent chez leur mère.
Donc, en 1915, à 65 ans, elle habite au 21, rue Lavaud, avec sa fille Noélie qui se marie cette année-là avec son compagnon, Louis MURAT, qui vit déjà avec sa future épouse (et donc également avec Marie BROUET, sa belle-mère). Marie travaille toujours et fabrique des caisses.
En 1921, lors du remariage de sa fille Mathilde avec Edmond André BOUCASSERT, Marie BROUET est toujours vivante. Elle a 71 ans et travaille toujours comme journalière.
En 1929, quand son fils Jean Camille BROUET se marie, elle est déclarée décédée.
La mort de Marie BROUET intervient donc dans un intervalle compris entre 1921 et 1929.