Sur les traces d'Étienne MORICHÈRE et de Jeanne CAMPET (SOSA 74 et 75)

1. Le point de départ de la recherche : mon ancêtre Jeanne MORICHÈRE épouse LARRETGÈRE, fille d'Étienne MORICHÈRE et Jeanne CAMPET

Nous allons essayer ici de faire le point sur les parents de Jeanne MORICHÈRE, grand-mère de Catherine LARRETGÈRE, elle même mère de mon grand-père paternel Jean LARRETGÈRE.

Jeanne MORICHÈRE est l'épouse de Pierre LARRETGÈRE, qui a quitté Soustons, sa commune natale, pour s'installer à Saint-Geours-de-Maremne. Toutes les personnes portant le patronyme de LARRETGÈRE aujourd'hui sont les descendants de Pierre LARRETGÈRE et de Jeanne MORICHÈRE.

Regardons et transcrivons l'acte de baptême de Jeanne MORICHÈRE. Elle voit je jour dans le village de Tosse en 1784.

Acte de baptême de Jeanne MORICHÈRE

Source : Archives départementales des Landes

Nous avons ici affaire à un extrait du registre paroissial du village de Tosse tenu par un curé dont le patronyme est BADET. Grâce au livre Histoire de la Baronnie Labenne-Capbreton et de la Vicomté de Maremne de l'historien Francis HIRIGOYEN, nous savons que ce curé se prénomme Jean-Marie.

 

Les registres paroissiaux contenaient les actes de baptêmes, de mariages et de sépultures. Ils ont ensuite été remplacés par les registres d'état civil, qui relèvent les naissances, les mariages et les décès à partir de 1792. Les registres paroissiaux, bien que codifiés par des édits royaux, sont d'une qualité très variable quant à la richesse des informations contenues. Si pour les baptêmes, ils sont souvent identiques d'une paroisse à l'autre (nom des parents et des parrains, date de naissance et de baptême), pour les mariages et les décès, les différences sont grandes d'un registre à l'autre, ou d'un rédacteur à l'autre. Figure ou ne figure pas le nom des parents pour les mariages, ou du conjoint pour les sépultures... Pour le généalogiste, cela pose des problèmes, en particulier en cas d'homonymie. Souvent, dans le Sud-Ouest, la maison est mentionnée, ce qui est d'une grande aide pour identifier une personne. On retrouve souvent, dans une même commune, plusieurs personnes portant un patronyme identique et, à cette époque, les prénoms sont peu diversifiés : les "Jean" et "Jeanne" sont légion, parfois dans une même fratrie. Il est parfois dur de différencier, dans ces conditions, sans précision de date ou d'âge, si l'on a affaire au père, au grand-père, au frère, à l'oncle, au cousin...

 

Mais je digresse. Revenons à l'acte et proposons une transcription. Jean-Marie BADET, le curé, n'a pas une écriture très lisible... Je précise que je conserve l'orthographe de l'acte ; je rétablis juste les majuscules.

 

BAP (pour baptême) à Marscaq

Le 26 may 1784 nacquit et fut baptisée le lendemain

Jeanne Morichère (ou Monichère) fille légitime d'Estienne

Morichère (ou Monichère) et de Jeanne Campet obergistes a

été parrain Jean Morichère (ou Monichère) [ ? ] habitant

de [ St Vincent ?] et marraine Jeanne [ ? ]  d'estat

de labeur habitant de [ St André-de-Seignanx ? ] qui 

n'ont scu signer

Badet curé

 

On notera le nombre d'incertitudes dans ma transcription. Le patronyme est incertain. On peut lire MORICHÈRE ou MONICHÈRE mais, comme on le verra, les variantes sont nombreuses. Je n'ai pas non plus réussi à lire le métier du parrain (pasteur peut-être...) ni le nom de famille de la marraine. Quant à leur lieu d'habitation, c'est plus de la déduction que de la transcription. Je dois l'avouer, je ne suis pas très bon en paléographie malgré les cours que j'ai suivis à l'université. Je manque de pratique.

 

Cependant, ne perdons pas de vue l'essentiel : nous connaissons le village de naissance de Jeanne (Tosse), le nom de ses parents : Étienne MORICHÈRE ou MONICHÈRE et Jeanne CAMPET et la date de la cérémonie du baptême et de la naissance. 

 

Nous allons passer à l'étape suivante : son acte de décès et son acte de mariage qui permettront (ou pas) de vérifier voire de compléter les informations de son acte de baptême. 

 

L'acte de mariage est disponible sur la page consacrée à Jeanne MORICHÈRE et son époux Pierre LARRETGÈRE. Je ne le reproduis donc pas ici dans son intégralité.

Extrait de l'acte de mariage de Jeanne MORICHÈRE

Source : Archives départementales des Landes

Nous apprenons que Jeanne et ses parents, en 1807, n'habitent plus Tosse mais la commune de Saint-Geours-de-Maremne ; ils ne sont plus aubergistes mais laboureurs. Le patronyme est clairement MORICHÈRE.

 

Voyons maintenant l'acte de décès.

Acte de décès de Jeanne MORICHÈRE

Source : Archives départementales des Landes

On relève au moins une inexactitude dans l'acte, à savoir l'âge de Jeanne : on lui donne 35 ans alors qu'elle en a 41. Il faut dire qu'à l'époque, on ne fêtait pas les anniversaires. De plus, Jeanne, son mari et ses parents ne savent ni lire, ni écrire et la connaissance des saisons étaient plus importantes que le compte précis des années. Enfin, le décès est rapporté par des déclarants qui sont souvent des voisins qui ne connaissent pas forcément l'âge précis du défunt. Il n'y avait pas, à l'époque, de livret de famille donc difficile de connaître son âge exact et encore moins celui des autres. J'ai relevé, dans les recensements du début du XIXe siècle, des erreurs dans les âges des membres d'une même famille alors même qu'ils étaient les déclarants des informations données. L'orthographe de son patronyme est incertain : on lit clairement MONECHÈRE pour elle et son père. On remarque que les déclarants ne savent pas signer, donc ne savent ni lire ni écrire et n'ont pu relire les écrits de l'officier d'état civil. Et ce dernier transcrit le nom "à l'oreille" dans une région où on parle un patois local dérivé du gascon. Tout cela peut induire des erreurs importantes. Le nom de famille du mari de Jeanne est orthographié LARRETCHÈRE et non pas LARRETGÈRE (et au début du XVIIIe siècle, le patronyme était LARRETIÈRE). 

Nous avons cependant les éléments pour une recherche concernant les parents de Jeanne, Étienne MONICHÈRE / MORICHÈRE /MONECHÈRE et Jeanne CAMPET. Ils ont habité Tosse et sont sans doute morts à Saint-Geours-de-Maremne. Ils se sont mariés avant 1784 et étaient vivants en 1804. Ce sont de bonnes bases de travail. 

2. À la recherche des actes concernant Étienne MORICHÈRE et Jeanne CAMPET

2.1. Les actes de décès

Pourquoi commencer par les actes de décès ? On sait que le couple est vivant en 1804. L'état civil est souvent plus complet et plus lisible au XIXe siècle qu'au XVIIIe. Et les actes sont souvent plus faciles à trouver. Les actes de décès, souvent (mais pas toujours) mentionnent la commune de naissance et l'âge supposé du défunt. Bref, autant commencer par eux.

Acte de décès de Jeanne CAMPET

Source : Archives départementales des Landes

L'acte de décès de Jeanne CAMPET nous informe sur certains aspects de sa vie : son métier de laboureur, son lieu de décès à savoir la maison Augelle à Saint-Geours-de-Maremne, son conjoint (Étienne MOUNECHÈRE, soit une troisième version de son patronyme après MONICHÈRE ou MORICHÈRE et MONECHÈRE). Il y a également son âge mais c'est à prendre avec précaution. On peut noter que la connaissance des déclarants concernant Jeanne est limitée :  ils ne connaissent pas le nom de ses parents. L'officier d'état civil (ici le maire Jacques DE SAINT-MARTIN) indique père et mère inconnus. Cela ne veut pas dire qu'elle a été abandonnée à la naissance mais que le nom de ses parents est inconnu de l'officier d'état civil et des déclarants. Pas d'information non plus sur sa commune de naissance.

Enfin, la date du décès est un élément essentiel de l'acte : le décès est déclaré le 17 janvier 1828 mais Jeanne est morte la veille, le 16 janvier à "huit heures du soir" soit à 20h. 

Acte de décès d'Étienne MORICHÈRE

Source : Archives départementales des Landes

Étienne MORICHÈRE (orthographié sur son acte de décès MOUNECHÈRE) décède quelques mois après son épouse Jeanne CAMPET. Un des deux déclarants est d'ailleurs le même ; ce sont des voisins comme le précise l'acte. Le lieu est également identique, maison Augelle, à Saint-Geours-de-Maremne. Étienne meurt le 17 août 1828 à 16h et son décès est déclaré le jour même. Pas de précision concernant son lieu de naissance et seul son père est mentionné dans l'acte (Pierre MOUNECHÈRE, ce qui est exact, avec un bémol pour l'orthographe du patronyme).

 

Dans les deux actes, l'âge est évalué approximativement : Jeanne CAMPET avait en réalité 78 ans et Étienne MORICHÈRE en avait 81. L'erreur est donc mince. N'ayant que des informations très incomplètes concernant les parents du couple, il va falloir partir à la recherche de l'acte de mariage. Leur fille Jeanne est née en 1784, le mariage a donc du avoir lieu avant. Elle est née à Tosse ; on va donc commencer à chercher dans la commune de Tosse. Le mariage se déroule le plus souvent dans le lieu d'habitation de l'épouse, ce qui ne signifie pas que le couple habite ensuite dans ce même village. La naissance de Jeanne à Tosse n'est donc pas la garantie que le mariage a eu lieu à Tosse. Ils sont morts vers l'âge de 80 ans ; ils ont donc une vingtaine d'année vers 1770. On peut donc chercher un mariage entre 1768 et 1784. On se retrousse les manches et on cherche dans les actes, à une période où il n'y a pas de table décennale et rarement de table annuelle à la fin du registre paroissial (avant 1792, nous avons affaire à des registres paroissiaux).

2.2. L'acte de mariage

J'ai bien exagéré l'effort que m'a demandé la recherche de l'acte de mariage. Grâce à l'excellente Association de Généalogie du Bas Adour et les relevés effectués par ses membres, l'indexation des noms permet une recherche qui est facilitée, très grandement facilitée. Le mariage a bien eu lieu à Tosse le 25 février 1775. Voyons les informations contenues dans l'acte.

Acte de mariage de Pierre MORICHÈRE et de Jeanne CAMPET

Source : Archives départementales des Landes

On retrouve notre curé Jean-Marie BADET qui a rédigé l'acte de baptême de Jeanne MORICHÈRE et son écriture toujours bien peu lisible. Avant toute chose, une petite transcription est nécessaire.

 

Mariage à Pouillon

Le 22eme février 1775 les bans de mariage entre

Estienne Monichère laboureur habitant de Tosse

et Jeanne Campet d'estat de labeur habitante

de Saint-Jean-de-Marsacq ayant été publiés

à Tosse et Saint-Jean-de-Marsacq aux prônes

des messes paroissiales par trois dimanches

consécutifs sans avoir découvert dans

aucun endroit d'empêchement audit

mariage sans qu'opposition y [ ? ]

et les parties s'étant disposées au sacrement

du mariage, de pénitence et d'eucharistie

je soussigné [ ? ] béni le dit mariage

en présence de Bertrand Laborde, Estienne

Laudemiey, Jean Lafitte et Barthélémy Lavielle

laboureurs habitant de Tosse qui n'ont su signé non plus que

 les époux pour ne scavoir comme

ils ont déclaré de ce requis par moy

Badet curé

Heureusement que, dans les actes de mariages, on retrouve certaines formules récurrentes, ce qui permet de savoir plus ou moins ce qui est écrit. Cependant, ces formules sont très variables d'un curé à l'autre, d'une paroisse à l'autre...

 

Bref, nous avons appris que Jeanne CAMPET habitait Saint-Jean-de-Marsacq au moment du mariage et qu'Estienne MORICHÈRE ou MONICHÈRE est de Tosse. Ce qui contredit ce que j'ai écrit plus haut, à savoir que le mariage avait traditionnellement lieu dans le village de l'épouse. Ce qui n'infirme pas la règle générale, mais montre l'existence d'exceptions dans une tradition plutôt bien établie. On peut regretter l'absence de mention de l'âge des époux et le nom des parents, sans doute présents (s'ils sont vivants).

2.3. Les actes de baptêmes

Si les époux sont morts vers l'âge de 80 ans en 1828, ils ont du naître autour de l'année 1750, peut-être à Tosse pour Estienne (Étienne) MORICHÈRE / MONICHÈRE et peut-être à Saint-Jean-de-Marsacq pour Jeanne CAMPET. Donc, nous voilà partis à la recherche des actes de baptêmes dans les registres paroissiaux appelés également les registres de catholicité ou registres BMS (baptêmes, mariages et sépultures).

Acte de baptême d'Étienne MORICHÈRE

Source : Archives départementales des Landes 

Le curé CAZENAVE écrit de façon plus lisible et agréable que son successeur BADET. Étienne MORICHÈRE est né maison Jacquenau à Tosse le 11 mars 1748. Le baptême a eu lieu le même jour. Son père se prénomme bien Pierre comme l'indiquait son acte de décès et sa mère s'appelle Marguerite LAMARQUE. Cela va presque de soi (mais ce n'est pas systématiquement le cas), le couple est marié. Le parrain est Étienne LAMARQUE et il est possible que ce soit le grand-père maternel ; mais il peut s'agir d'un oncle. La marraine se nomme Anne LAUDOUA. Je ne connais pas son lien avec la famille MORICHÈRE (si le parrain est issu de la famille de la mère, la marraine est sans doute issue de la famille paternelle, peut-être une tante par alliance ou la grand-mère paternelle) ; elle habite Saint--Vincent-de-Tyrosse. Suivent trois témoins qui signent l'acte, un cordonnier de Saint-Vincent-de-Tyrosse (Jean MOURAU),  le régent de la commune de Tosse (c'est-à-dire l'instituteur), Jean LAFONTAINE et Pierre COURTIEUX dont on ne connait pas le métier. Ils sont visiblement de Tosse puisque leur lieu d'habitation n'est pas précisé. Le parrain et la marraine ne savent pas signer. L'information essentielle, ici, est le nom des parents et le lieu d'habitation (Tosse et la maison Jacquenau).

Pour Jeanne CAMPET, l'acte de baptême n'est pas disponible. Ses parents se sont, à priori, mariés en 1749 et elle est née la même année. Or, l'année 1749 n'est pas disponible dans les actes numérisés sur le site des Archives départementales des Landes. Mais, objecterait mon lecteur éventuel, comment peut-on savoir son année de naissance et de mariage de ses parents ? J'ai regardé quelques généalogie sur le site Geneanet et Filae. Certaines contiennent des erreurs dont je parlerai plus tard et, hélas, les informations ne sont pas sourcées (ou on a juste un renvoie à d'autres généalogistes qui ne citent pas non plus leurs sources). Comme il existe deux registres, je peux espérer que les registres qui font défaut sont ceux du greffe et que ceux de la paroisse sont plus complets et disponibles dans la commune. Ou que l'information vient d'une source indirecte comme un acte notarié. Bref, je suis obligé de m'en remettre, ce que je n'aime pas du tout, à des informations sans source identifiée. Sans vérification de ma part, je ne garantis pas la véracité des dates que je vais proposer. Cependant, on peut quand même croiser quelques informations et vérifier leur cohérence.

La généalogie que j'utilise ici et celle de Yves SAINT-AVIT, disponible sur Geneanet. Je crois que son auteur est décédé je ne peux donc pas lui poser la question des sources.

Jeanne CAMPET serait née (ou baptisée) le 30 septembre 1749 à Saint-Jean-de-Marsacq. Son parrain serait Robert PONS et sa marraine Jeanne BOUÉ. La mention du parrain et de la marraine semblent attester d'un accès direct à l'acte. Retenons le nom de la marraine, cela aura une importance dans l'identification des parents de Jeanne. Ses parents sont Pierre CAMPET et Françoise VIGUELASSUS : ils se seraient mariés le 11 février 1749 à Saint-Jean-de-Marsacq.

Je pense que c'est sur l'identification de Pierre CAMPET que M. SAINT-AVIT est dans l'erreur. Pour lui, Pierre CAMPET est né le 30 avril 1715 à Saint-André-de-Seignanx, fils de Raimond CAMPET et Marthe PÉCHIC dite Jeanne LASSALE.

Je pense que le père de Jeanne CAMPET est Pierre CAMPET, né le 22 février 1728 à Saint-André-de-Seignanx, fils de Bernard CAMPET de de Jeanne BOUÉ. Jeanne BOUÉ, marraine de sa petite-fille, première née de son fils Pierre CAMPET, comme c'est la tradition.

3. Les enfants d'Estienne MORICHÈRE / MONICHÈRE et de Jeanne CAMPET

Revenons donc à Estienne MORICHÈRE / MONICHÈRE et Jeanne CAMPET. Ils se marient le 22 février 1775 à Tosse. Leur premier enfant est une fille, qui naît maison Pouillon, c'est-à-dire la maison où habitait Estienne au moment du mariage. Elle est baptisée le jour même de sa naissance, le 12 décembre 1775, un peu moins de dix mois après la noce de ses parents qui sont laboureurs d'après l'acte de baptême. Elle porte le nom de Françoise, comme celui de sa marraine, Françoise CAMPET, probablement la sœur de Jeanne CAMPET ; cette Françoise habite Saint-Jean-de-Marsacq, commune natale de Jeanne. Le parrain est Jean GADOU qui sait signer. Son métier est indiqué dans l'acte mais je n'arrive pas à le lire (en raison de la merveilleuse écriture du curé BADET). Sur l'acte, le patronyme de la petite Françoise et d'Estienne semble être MONICHÈRE.

 

Les enfants se succèdent ensuite à un rythme régulier entre 1775 et 1790, tous natifs de Tosse. À priori, après leur premier enfant, Françoise en 1775, ils en ont 6 autres :

- Pierre en 1777 ;

- Jean en 1779 ;

- Catherine en 1782 ;

- Jeanne en 1784 ;

- Bertrand en 1788 ;

- Françoise en 1790.

 

Au vu des actes de baptême, rédigés avec l'horrible écriture du curé BADET, il me semble à chaque fois lire MONICHÈRE et pas MORICHÈRE

 

À la naissance de leur dernier enfant (sauf erreur de ma part), Étienne MORICHÈRE / MONICHÈRE (ou Estienne selon les actes) a 42 ans et son épouse, Jeanne CAMPET en a 40. Tous les enfants sont nés à Tosse mais pas dans la même maison. Qualifiés de laboureurs, Jeanne et Étienne sont, au mieux, métayers, au vu de leurs déménagements successifs.

 

Leurs deux premiers enfants naissent Maison Pouillon ; à partir de 1779, les actes de baptême signalent qu'ils habitent au Petit Pourlets. En 1784, ils déménagent encore et s'installent maison Marsacq. Et c'est là qu'ils exercent la profession d'aubergistes. Le curé BADET écrit d'ailleurs "obergistes" dans l'acte de baptême de mon ancêtre Jeanne MORICHÈRE.

Acte de baptême de Jeanne MORICHÈRE

Source : Archives départementales des Landes

Ils sont toujours aubergistes à la naissance de Bertrand en 1788 ; le nouveau curé, LAMAIGNÈRE écrit lui aussi "obergistes". Cependant, son écriture est bien plus lisible que celle de son prédécesseur ; il utilise plus d'abréviations également. Pour leur dernier enfant, Françoise (même prénom que leur premier enfant), ils habitent toujours maison Marsacq mais sont redevenus laboureurs.

 

Les parrains et marraines sont, pour la plupart, des membres de la famille maternelle ou paternelle, donc des MORICHÈRE ou des CAMPET, dont beaucoup habitent Saint-Jean-de-Marsacq ou Saint-Vincent-de-Paul. Il doit s'agir dans la plupart des cas des oncles et tantes des nouveaux nés.

 

Ensuite, pendant quelques années, je n'ai plus guère d'informations concernant le couple. Il faut les premiers mariages de leurs enfants pour avoir des actes nous renseignant sur leur lieu d'habitation et leur activité professionnelle. Mais avant de parler du mariage des enfants, voyons ceux qui ont survécu car n'oublions pas la forte mortalité de l'époque, et en particulier infantile (avant un an) ou enfantine (avant 5 ans). 

 

Sur les sept enfants du couple, un décède à l'âge de l'adolescence et deux à l'âge de la petite enfance. Pierre, né en 1777 décède à 16 ans, à Tosse. En 1781, c'est Jean qui a trouvé la mort ; il avait 19 mois. Bertrand avait quasiment le même âge à son décès en 1789 : 18 mois. On notera que ce sont les trois garçons du couple qui décèdent.

 

Restent les quatre filles. Cependant, il y en a une pour qui je n'ai aucune information en dehors de son acte de baptême : Françoise, née en 1775. Est-elle morte sans que j'ai identifié son décès ? C'est toujours possible.

Les trois autres filles se marient :

- Catherine est la première à trouver un époux en 1797, Salvat DARROZÈS. Elle et ses parents habitent à Tosse. Étienne et Jeanne sont cultivateurs et résident toujours à maison Pourlets.

- Jeanne MORICHÈRE, mon ancêtre, se marie avec Pierre LARRETGÈRE à Saint-Geours-de-Maremne où elle habite avec ses parents laboureurs. Nous sommes en 1807.

- Enfin, Françoise (celle née en 1790) épouse, toujours à Saint-Geours-de-Maremne, Pierre BOUHAIN. Étienne MORICHÈRE et Jeanne CAMPET sont toujours laboureurs et habitent eux-aussi à Saint-Geours-de-Maremne. Ils sont âgés de 63 et 62 ans. 

Une dernière source nous éclaire sur les dernières périodes de la vie d'Étienne et de Jeanne : le recensement de la commune de Saint-Geours-de-Maremne pour l'année 1819. Le recensement suivant, pour la commune de Saint-Geours-de-Maremne, est celui de 1836 mais Étienne et Jeanne sont déjà décédés comme on l'a vu plus haut.

Extrait du recensement de la commune de Saint-Geours-de-Maremne pour l'année 1819

Source : Archives départementales des Landes

Étienne MONICHÈRE et Jeanne CAMPET vivent avec leur fille Catherine, leur gendre Salvat DARROUSÈS (ou DARROUZÈS) et les enfants du couple au nombre de cinq en 1819. Un jeune homme vit aussi maison Montberset, sans doute un domestique (c'est-à-dire un ouvrier agricole qui vit chez son employeur). Ce n'est cependant pas à maison Montberset qu'ils décèdent neuf ans plus tard mais maison Augelle.

 

Nous avons déjà évoqué le décès de Jeanne et d'Étienne. Nous allons donc voir ce qu'il advient de leurs enfants.

Que deviennent les enfants de Jeanne CAMPET et d'Étienne MORICHÈRE ?

Entre 1775 et 1790, soit une période de quinze ans, Jeanne CAMPET a eu sept enfants de son époux Étienne MORICHÈRE. Soit une naissance tous les deux ans en moyenne. Sur les quatre filles et les trois garçons, qui naissent tous à Tosse, dans ce qui était le duché de Guyenne et le Vicomté de Maremne avant de devenir le département des Landes, seules les filles survivent à l'enfance. Et sur les quatre filles du couple, je n'ai aucune information sur l'aînée des filles (et des enfants) prénommée Françoise.

 

Reste donc, dans l'ordre, Catherine (née en 1782), Jeanne (née en 1784) et Françoise (née en 1790). Toutes ont MORICHÈRE comme patronyme.

 

Je ne vais parler que de Catherine et de Françoise. Jeanne MORICHÈRE, qui se marie avec Pierre LARRETGÈRE à Saint-Geours-de-Maremne en 1807, est mon ancêtre directe. J'ai parlé de sa naissance plus haut et elle a sa propre page.