Jean LARRIEU et Catherine SECAT              SOSA 660 et 661

1. Les aléas de la recherche

Avant de parler de mes lointains ancêtres, je souhaiterai souligner quelques éléments de réflexion concernant la recherche généalogique. Il s'agit certes d'un travail de longue haleine mais aussi dépendant des sources. En effet, la "mémoire" (au sens des informations transmises de génération en génération) demeure assez pauvre. On peut parler de ses parents, parfois de ses grands-parents mais rarement au delà s'il n'y a pas une source écrite ou iconographique. Obtenir des informations dépend donc ensuite des archives, au premier rang desquelles figurent les archives d'état civil et, avant 1792, les archives paroissiales. Pour les classes sociales favorisées, les archives notariales sont également intéressantes, en particulier les inventaires avant succession. Pour les plus pauvres, n'ayant guère de biens à transmettre, les archives notariales demeurent muettes. Pour l'historien, d'autres sources peuvent être utilisées. Mais pour le généalogiste, historien d'une famille, qui cherchent donc des sources nominatives, l'absence est le plus souvent le fruit de la recherche.

 

Je donne un exemple que je trouve particulièrement significatif. Parmi mes ancêtres (à la dixième génération) se trouvent un couple qui s'est marié en janvier 1683 dans la commune landaise de Rivière-Saas-et-Gourby. Si vous ne connaissez pas cette commune, rassurez-vous, c'est logique. Elle comptait moins de 400 habitants au moment de la Révolution française et, aujourd'hui (j'écris ces lignes en 2018), a dépassé tout juste le seuil des 1000 citoyens. Donc, en janvier 1683, Jean LARRIU, originaire de la petite paroisse (on ne parlait pas de communes à l'époque) de Térhieu épouse Catherine SECAT, de Rivière-Saas-et-Gourby (en fait, cette paroisse n'existait pas en tant que telle ; Saas, Rivière et Gourby étaient séparées). L'acte de mariage est des plus succinct : pas de mention du métier, de l'âge, des parents... Difficile de remonter plus loin. On peut, cependant. On prend son courage à deux mains et on feuillette toutes les pages des registres paroissiaux précédents à la recherche des parents supposés. Mais le premier registre disponible pour Rivière-Saas-et-Gourby est justement celui de 1683-1699. Rien de disponible pour les périodes antérieures. Donc, on ne peut rien trouver avant pour la famille de Catherine SECAT. Tant pis... Cherchons les baptêmes des enfants : souvent, les parrains et marraines sont pris chez les grands-parents. Mais nouvelle déconvenue. Avec un mariage en janvier 1683, on peut penser trouver un enfant 9 ou 10 mois plus tard. Mais fatalitas ! Gros trou dans les archives entre septembre 1683 et avril 1684. Le curé BERNARDET note dans le registre paroissial que, "grièvement malade", il a du quitter ses fonctions et le vicaire qu'il a nommé en remplacement, un certain  LATRIE, "n'a pas apparemment tenu registre puisqu'il ne m'a l'a pas remis bien que je l'ayé très souvent sollicité a cela" (j'ai conservé l'orthographe du registre). Si un de mes ancêtres était né à ce moment là, les archives n'en auraient gardé aucune trace.

Autres déconvenues possibles : les pages manquantes des registres paroissiaux, situation fréquente pour les archives du XVIIe siècle, ou illisibles, soit en raison d'une forte dégradation (humidité, disparition de l'encre, encre transformée en tâches noirâtres, etc.), ou d'une écriture résistant au paléographe le plus patient...